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Voici une fiction historique écrite dans le cadre d'un concours d'écriture portant sur le thème suivant : retracer la vie du huitième et mystérieux enfant possible de Louis XIV et de la marquise de Montespan.
Afin de ne pas mélanger fiction et réalité, je vous renvoie à l'article traitant de la question sur l'existence de cet enfant. Mme de Montespan et ses quatre premiers enfants légitimés
"Au début de l’année 1669, Françoise Athénaïs de Montespan, arrivait au terme de sa grossesse, la première qu’elle ne devait pas à son époux. L’enfant, fruit de l’amour que lui portait Louis XIV, allait naître au printemps. Cette grossesse s’était vue plus pénible à supporter que les autres et la marquise pensait que c’était là une punition de Dieu pour avoir commis l’adultère avec le roi de France. Mme de Montespan avait réussi à dissimuler sa situation délicate aux yeux du monde en mettant à la mode des robes bouffantes sur le devant, qui cachaient la rondeur du ventre, et en faisant serrer son corset chaque jour davantage. Il était convenu que l’enfant resterait caché afin que le marquis de Montespan ne puisse revendiquer sur lui des droits paternels
.du moins jusqu’au temps que le roi trouva une solution pour le légitimer. Pour s’occuper de cet enfant, Mme de Montespan avait choisi sa première dame de chambre, Mlle des Œillets, qu’on lui avait recommandée pour sa discrétion. Afin de faire ses couches secrètement, la marquise avait loué une maison en retrait près des Tuileries.
Au mois de mars, il devint impossible pour Mme de Montespan de demeurer à la cour, sa grossesse étant de plus en plus difficile à dissimuler. La marquise se trouvait excessivement grosse, bien davantage que lors de ses deux grossesses précédentes (qu’elle devait à son mari). Plus elle se rapprochait de la délivrance, plus la maîtresse du roi craignait de ne pas y survivre. Elle voyait déjà les portes de l’enfer s’ouvrir devant elle, pécheresse qu’elle était alors qu’elle s’était jurée de ne jamais succomber au roi. Allait-elle mourir à cause d’un enfant trop gros qui ne serait être extrait de ses chairs sans qu’on les lui découpe ? Serait-ce une fièvre ou une hémorragie qui allait la faire passer de vie à trépas ? Dans la nuit du 30 au 31 mars, la marquise ressentit les premières douleurs de l’enfantement. Prévenu, le roi vint assister à la naissance de son enfant et fit chercher Clément, médecin accoucheur. La délivrance se fit dans la pénombre afin que le chirurgien ne reconnaisse ni Louis XIV, ni Mme de Montespan. Après de fortes douleurs, la marquise accoucha d’une petite fille. Alors qu’elle savourait le seul fait d’être encore de ce monde, Clément s’écria qu’il y avait un autre bébé. A ces mots, la marquise laissa sa tête retomber sur son oreiller, comprenant que son calvaire n’était pas terminé. A bout de force, elle finit par être délivrée d’un second enfant, un garçon. Cet enfant, à l’inverse de celui qui l’avait précédé, semblait marqué par l’accouchement difficile. Sa grosse tête n’échappa guère à Mme de Montespan, pas plus qu’au roi. Le chirurgien, devant ce bébé difforme, affirma de toute qu’il ne vivrait pas longtemps. Lorsque qu’il fut parti, Louis XIV et sa maîtresse se penchèrent sur le sort du petit garçon. Ils ne pouvaient prendre le risque de confier à Mlle des Œillets deux enfants sans éveiller les soupçons. Il fut donc convenu que la petite fille, qui reçu le prénom de Louise Françoise, serait élevée discrètement par la première dame de chambre de la marquise. Celle-ci ne se sera pas mise au courant de la naissance d’un deuxième enfant. Quant à ce second-né, il fut confié à Mme Colbert, comme les enfants de Mlle de La Vallière (ancienne favorite du roi). En effet, Louis XIV appréciait les qualités et la discrétion de l’épouse de son ministre, qui avait su veiller sur ses premiers bâtards. A ce petit être, qui ne laissait pas présager qu’il vive longtemps, ses parents donnèrent le prénom de Louis Gabriel, en l’honneur du roi et du père de la marquise. Comme pour Mlle des Œillets, Mme Colbert ne fut pas informée de la double naissance.
Lorsque la marquise de Montespan se retrouva enceinte une seconde fois des œuvres du roi, elle rechercha une personne capable d’élever ses enfants adultérins, Mlle des Œillets ne pouvant cumuler sa fonction à la cour avec l’éducation de plusieurs enfants. Le choix de la maîtresse du roi se porta sur Françoise d’Aubigné, veuve du poète Scarron. Cependant, Louis Gabriel ne fut pas confié aux soins de celle-ci et Mme Scarron ignora tout du jumeau de la petite Louise Françoise. Auprès du couple Colbert, l’enfant résista aux premiers mois de sa vie, période où la mort vient souvent s’emparer des nourrissons, pour atteindre sa première année. Cependant, son aspect difforme ne pouvait que choquer Mme de Montespan lorsqu’elle voyait Louis Gabriel secrètement et la marquise s’attendait chaque jour à ce qu’on l’informe du décès de son fils. Elle ne pouvait regarder ce petit garçon sans voir sur lui la marque d’une punition divine. Quant au roi, il ne voyait jamais cet enfant, pas plus que les autres, qui devaient être maintenus dans l’ombre jusqu’à ce qu’il trouvât le moyen de les légitimer. Alors qu’elle se trouvait enceinte du monarque pour la troisième fois, Mme de Montespan apprit, au mois de février, l’état fort préoccupant de l’aîné de ses enfants illégitimes. Elle s’attendait, le plus naturellement du monde, à ce que ce soit le petit Louis Gabriel qui fut touché par la maladie. Or, ce fut Mme Scarron qui vint jusqu’à elle lui annoncer que sa fille, Louise Françoise, était aux portes de la mort. Pourtant cette enfant jouissait d’une bonne santé depuis sa naissance. La favorite du roi ne comprit pas ce coup du sort qui lui retirait une fille qui promettait d’être jolie, vive et pleine d’esprit, pour lui laisser un fils, chétif et difforme. Lorsque Louise Françoise décéda d’un abcès à l’oreille, le 23 février 1672, la marquise resta songeuse. La perte de sa fille ne lui causait pas un chagrin immense, Mme de Montespan ayant appris à ne pas s’attacher aux enfants en bas âge que la mort peut reprendre subitement. Cependant, elle ne comprit pas que son jumeau, si faible et que l’on ne destinait pas à vivre, s’accrochait.
La mort de Louise Françoise n’entraina pas un regroupement de Louis Gabriel avec son frère, Louis Auguste (né en mars 1670), Louis XIV ayant décidé d’attendre et Mme Colbert ne se plaignant pas de son fardeau. Celle-ci s’était fort attachée à Louis Gabriel qui, en dépit de son apparence, montra très bien de l’intelligence. Cette même année, elle eut la douleur de perdre l’un de ses petits-fils, qui n’avait pas cinq ans. Aussi, elle reporta toute son affection sur le fils bâtard du roi. Ce dernier passait généralement pour un enfant naturel d’un frère du ministre Colbert, que l’on devait mettre sur le compte d’une erreur de jeunesse. Avec le temps, Louis Gabriel avait appris à considérer Mme Colbert comme sa vraie mère. La marquise de Montespan, qui lui rendait de rares et secrètes visites, avait de la peine d’entendre son fils l’appeler « Madame ». Cependant, il n’était pas question de révéler à l’enfant ses véritables origines, compte tenu de son âge.
A la fin de l’année 1673, Louis XIV annonça à Mme de Montespan qu’il avait trouvé le moyen de faire légitimer leurs enfants sans la nommer : en effet, le Parlement venait de légitimer le fils du défunt duc de Longueville, né de sa liaison avec une femme mariée, la duchesse de La Ferté, qui n’apparaissait pas dans l’acte de légitimation. Le monarque avait déjà établi les titres que porteraient ses enfants Louis Auguste, Louis César (né en 1672) et Louise Françoise (née en juin 1673). Une fois légitimés, ils sortiraient de l’ombre et viendraient vivre auprès de leurs parents, à la cour, reconnus comme de véritables princes. Tout d’abord émue et ravie de ces marques d’affection et de reconnaissance pour ses enfants, Mme de Montespan se risqua ensuite à demander ce qu’il en était pour leur fils aîné qui allait sur ses cinq ans. Le visage du roi s’assombrit soudainement et sa réponse ne se fit pas attendre : « Voyons Madame ! Avez-vous pensez à l’image que cela renverrait ? Cet enfant contrefait n’est en rien comme les autres et n’attirera sur lui que moqueries et consternations. Est-ce cela que doit inspirer le fils d’un grand roi ? Louis Auguste nous cause déjà bien du tracas avec ses jambes qui ne le portent pas. Souhaitez-vous donc ajouter à cela la présence à la cour de notre aîné ? Je ne puis admettre que son apparence disgracieuse vienne ainsi entacher l’image de la monarchie, qui se doit d’être impeccable. Vous l’avez dit vous même Françoise, notre pauvre fils ne vivra guère longtemps. Aussi, pourquoi l’exposer à la vue de tous ? Croyez-moi : il n’y aura aucun regard compatissant pour lui. Laissons-le dans l’ignorance de ce triste monde. Il demeurera chez Monsieur Colbert et vous pourrez lui rendre visite dès que vous en éprouverez l’envie. Je veillerai à récompenser comme il se doit Mme Colbert pour tous les bons soins qu’elle apporte à notre enfant qui recevra une éducation qui convient à sa glorieuse naissance ». La marquise dut se satisfaire de cette réponse, n’y trouvant comme seule consolation le fait de pouvoir désormais voir Louis Gabriel librement et que celui-ci reçoive bientôt l’éducation qu’il sied à un prince.
Comme l’avez promis le roi, on nomma dès le printemps suivant un précepteur auprès de Louis Gabriel, un certain Dandin, aumônier des Suisses. L’enfant se montra un élève appliqué, avide d’apprendre. Son intérêt pour l’écriture se développa davantage lorsqu’il fut mis au courant de ses origines royales : Mme Colbert lui avoua qu’il était le fils du roi de France et de la « bonne Madame » qui venait lui rendre visite de temps à autre. Personne n’osa lui dire qu’il avait deux frères et une sœur, car Louis Gabriel n’aurait pas manqué de demander pourquoi il n’était pas avec eux. Dandin expliqua simplement au petit garçon qu’il ne pouvait être admis auprès de ses parents parce qu’il était encore trop jeune pour paraître en public. L’enfant fut au désespoir lorsqu’il apprit que « Papa Roi » ne viendrait jamais le voir, parce qu’il « ne pouvait jamais s’absenter de la cour ». A défaut de pouvoir approcher son père, Louis Gabriel décida de lui écrire. A Mme de Montespan, qu’il appelait désormais « belle maman », Louis Gabriel montrait ses progrès en écriture, fier de pouvoir un jour adresser quelques mots au roi. La marquise était touchée par l’intelligence de son fils, son esprit vif et la grâce avec laquelle il s’exprimait malgré son jeune âge. Sans doute avait-il un peu du célèbre esprit des Mortemart. Mme Scarron s’était appropriée ses autres enfants, en particulier le duc du Maine. Avec Louis Gabriel, Françoise de Montespan se sentait pleinement mère et remerciait Mme Colbert d’encourager les liens qui se nouaient doucement entre elle et son enfant. Ses trois plus jeunes bâtards étant dorénavant à l’abri du marquis de Montespan, Louis XIV accepta d’envoyer des médecins de la cour auprès de Louis Gabriel afin de diagnostiquer le mal dont il était atteint. Les spécialistes ne furent pas longs à faire leur compte-rendu au roi : son fils souffrait d’une malformation au cerveau qui entrainait l’augmentation du volume de sa tête de manière anormale. Les veines épicrâniennes de Louis Gabriel étaient dilatées, ce qui expliquaient les troubles dont le petit garçon était parfois victime : des maux de têtes répétés et douloureux, des crises d’énervement brèves mais intenses. Pourtant, une fois la crise passée, Louis Gabriel redevenait un enfant calme, doux et attachant. En grandissant, il avait compris qu’il était différent des autres, en se comparant aux petits-enfants de Mme Colbert. Il en souffrait parfois, ce qui pouvait déclencher chez lui une nouvelle crise de colère, de mal-être. Après le diagnostique au roi, les médecins ne cachèrent pas leur surprise que cet enfant soit encore de ce monde, la maladie ne pouvant être soignée et son évolution imprévisible. Louis XIV se trouva soulagé de ne pas s’être attaché à ce fils, au contraire de Mme de Montespan. Cependant, lorsque Louis Gabriel atteignit l’âgé de six ans l’année suivante (1675), il se trouva assez bon en écriture pour envoyer une missive à son royal père. Le roi reçut la lettre de son fils avec beaucoup d’émotion, touché que le petit être malade, qu’il avait toujours ignoré, prenne le temps de tenir la plume pour lui adresser ces quelques mots :
« Sire,
Il n’est pas facile pour un enfant de vivre sans connaître son père, mais je sais que le mien est un grand Roi et qu’il est dévoué à son peuple. Je vous remercie pour le présent que ma bonne Maman m’a offert de votre part pour ma fête. J’espère devenir digne d’être votre fils et avoir l’honneur de votre rencontrer un jour.
Votre fils qui vous aime,
Louis Gabriel »
L’écriture était hésitante mais touchante. C’était là le premier contact que Louis XIV avait avec son fils. Au fond de lui, monta soudain une culpabilité qu’il n’avait encore jamais perçue. Malgré son absence auprès de Louis Gabriel, l’enfant le tenait en haute estime, était persuadé que son père lui démontrait son amour par les présents qu’il recevait de temps en temps et par les marques de confiance dont il honorait les Colbert. Soudain, le monarque prit pleinement conscience de l’injustice dont été victime son enfant. Il avait craint d’avoir engendrer un monstre, un enfant sujet à la démence. En réalité, au-delà de son apparence physique, son fils se révélait être intelligent, lucide et capable de sentiments. Il décida donc de faire venir secrètement Louis Gabriel à la cour, pour le rencontrer. La mise à l’écart de la marquise de Montespan, en avril de la même année, compromit les projets du souverain : en effet, Louis XIV ne pouvait faire venir auprès de lui un enfant non reconnu, né de la femme qu’il venait juste d’écarter de la cour, face à la pression de l’Eglise. Désespérée par sa situation, voyant ses enfants lui préférer Mme Scarron (faite marquise de Maintenon par le roi), Mme de Montespan trouva une fois de plus du réconfort auprès de Louis Gabriel. Ce fils dont elle avait pleuré la naissance, voyant dans sa malformation un signe du ciel, lui apportait pourtant de la chaleur, de l’amour et la marquise avait fini par s’attacher grandement à cet enfant si différent de ses frères et sœurs. Elle espérait qu’un jour il serait légitimé et élevé au rang de prince.
L’année 1676 vit le retour triomphant de Mme de Montespan auprès du roi. Dès lors, ce dernier pu reprendre son projet de faire venir Louis Gabriel à la cour. Mme Colbert lui amena l’enfant à l’heure des audiences privées. Devant son père, l’enfant s’inclina avant de plonger son regard dans celui du monarque, scrutant un signe favorable. Louis XIV ne fut pas long à s’émouvoir et à se pencher pour recevoir son fils dans ses bras. Devant tant de gentillesse et de charmes, l’aspect disgracieux de Louis Gabriel semblait s’effacer, pour ne dévoiler que ce qu’il y avait de plus beau en lui. Le roi fut impressionné par la culture de son fils, ses raisonnements, son envie d’apprendre. Il retrouvait en lui un peu de son jeune frère, le duc du Maine. Lui aussi avait des problèmes de santé, ce qui n’empêchait pas le souverain de l’aimer. Charmé par Louis Gabriel, le monarque demanda à ce que Mme Colbert le lui amène chaque semaine. A chacune de ses visites, l’enfant était fier de montrer à son père les progrès qu’il avait faits en arithmétique ou en écriture. Parfois Mme de Montespan se joignait à eux et Louis Gabriel avait alors l’impression qu’ils formaient une vraie famille. Peu à peu, Louis XIV revint sur son premier jugement à propos de son fils et il lui apparut comme une évidence de le faire vivre à la cour, auprès de ses frères et sœurs. Il venait tout juste de légitimer la dernière-née, Mademoiselle de Tours, et réfléchissait déjà au cas de Louis Gabriel. Le plus dur pour l’enfant aller être de quitter le seul foyer qu’il ait jamais connu ainsi que les personnes qui l’avaient entouré de soins depuis sa naissance : les Colbert. Il n’était pas question pour la marquise de Montespan de confier son fils à Mme de Maintenon, celle-ci s’étant déjà approprié les cinq autres enfants qu’elle avait donnés au roi. La gouvernante des bâtards royaux n’était d’ailleurs pas disposée à s’occuper d’un rejeton supplémentaire : à la fin de l’année, la favorite du roi était une nouvelle fois enceinte et Mme de Maintenon avait fait savoir qu’elle ne prendrait plus en charge les enfants nés d’une relation condamnée par l’Eglise. Il fut donc convenu que Louis Gabriel serait légitimé après la naissance de l’enfant à venir, afin de ne pas donner d’émotions trop fortes à sa mère, et élevé auprès de lui.
Mme de Colbert annonça à Louis Gabriel sa future légitimation lors de la nouvelle année, ce qui fut confirmé par Louis XIV lorsque l’enfant lui rendit sa visite hebdomadaire. Le roi prit le temps d’expliquer à son fils que certains ne manqueraient pas de lui rappeler sa malformation, mais qu’il devait se montrer digne de son rang, parler avec ces personnes afin de les charmer et de leur montrer qu’il avait de l’esprit. Jamais il ne devrait faiblir devant les membres de la cour, se rappelant qu’il était le fils du roi et donc, qu’il se trouvait bien au dessus de tous ceux qui oseraient le critiquer. Louis Gabriel promit au roi de tout faire pour ne pas le décevoir et pour être digne de l’honneur que lui faisait son père en le légitimant.
Hélas, le temps rattrapa bientôt le jeune Louis Gabriel, jusque là épargné par la maladie. La mort sembla soudain se réveiller, se rendre compte qu’elle avait oublié de prendre, depuis bien longtemps, la vie du fils aîné du roi et de Mme de Montespan. L’hiver était rude et, malgré les soins de Mme Colbert, Louis Gabriel tomba malade au début au mois de mars 1677. Outre la fièvre, il fut victime de terribles migraines, qui entrainaient d’horribles crises. En apprenant l’état où se trouvait son fils, Mme de Montespan voulut venir à son chevet mais les médecins le lui déconseillèrent, compte tenu de sa grossesse avancée. Le roi lui-même ne pouvait visiter son enfant, les médecins craignant également la contagion, et le monarque ne pouvant quitter la cour comme un simple particulier. Les parents affligés recevaient donc des nouvelles régulières de leur fils par les Colbert. Louis XIV avait également fait envoyer son médecin, D’Aquin, auprès de Louis Gabriel. L’arrivée du printemps et de la douceur n’arrangèrent pas l’état de l’enfant. Il fallut se rendre à l’évidence : la mal dont il était atteint depuis la naissance évoluait dangereusement. Pour le jour de ses huit ans, Louis Gabriel était au plus mal, ne se rendant même plus compte de ce qui se passait autour de lui. Sa tête le faisait toujours atrocement souffrir et il commençait à délirer. Au matin du 2 avril, Louis XIV recevait Mme Colbert en pleurs, extrêmement fatiguée par les veillées auprès de Louis Gabriel. Elle venait annoncer au roi la mort de son fils, décédé dans la nuit. Dans de rares moments de conscience et de lucidité, Louis Gabriel évoquait encore sa venue à la cour, avouant à Mme Colbert que c’était là le plus beau des présents octroyé par le roi. Lui qui avait passé toute sa vie dans l’ombre, se voyait déjà vivre entouré de ses parents. Le roi pleura fort la disparition de son fils, lui qui pourtant l’avait ignoré durant six années. Louis XIV eut le sentiment d’avoir perdu un enfant qu’il venait à peine de retrouver. Mme de Montespan se trouva tout aussi affligée que le monarque, voyant là un signe de Dieu qui punissait, non pas sa liaison coupable avec le roi, mais la vanité du souverain qui perdait ainsi un enfant aimant parce qu’il l’avait trop longtemps laissé dans l’ombre. Ainsi, Dieu laissait au monarque un sentiment de culpabilité, ne lui permettant pas de rattraper avec son fils toutes les années perdues uniquement pour préserver l’image de la couronne.
Louis Gabriel n’ayant ni été reconnu, ni présenté à la cour, Louis XIV et Mme de Montespan ne purent prendre le deuil de leur enfant. Lors de l’autopsie de l’enfant, on lui trouva des os soudés entre eux ainsi qu’un crâne dépourvu de suture. Louis Gabriel n’aurait pu survivre encore bien longtemps, sa maladie entrainant une grosseur de sa tête que son petit corps ne supportait plus. Il fut enterré aussi secrètement qu’il avait vécu. La marquise de Montespan se consola comme elle le pouvait, se disant qu’avec un tel prénom, Louis Gabriel ne pourrait être accueilli qu’avec bienveillance par les anges. "
Note : Merci de respecter ce travail personnel et de ne pas le reproduire Réactions à cet article
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