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La bague de fiançailles du XXe siècle à aujourd’hui

Au cours du XXe siècle, des transformations s’opèrent dans notre société. Celles-ci viennent parfois bousculer les traditions. A une époque où de plus en plus de couples choisissent le concubinage, où la notion de mariage perd de son sens, la bague de fiançailles a-t-elle toujours une place ? A-t-elle encore un sens ? 

Que symbolise la bague de fiançailles ? 

La bague de fiançailles officialise la relation entre un homme et une femme, et annonce que le couple se mariera l’année suivante. La bague de fiançailles symbolise déjà, avant l’alliance, l’engagement que la future épouse prend envers le futur marié : en acceptant la bague, elle se lie déjà avec le jeune homme qui la lui a offerte. Au début du XXe siècle,  une époque où l’on courtise, où l’on « fréquente », voir une femme porter une bague de fiançailles à son annulaire gauche signifie bien aux hommes qu’elle n’est « plus à prendre », qu’elle s’est déjà engagée envers un autre.

Au XXIe siècle, les choses ont bien changé : de plus en plus de couples choisissent de vivre ensemble sans être mariés, situation  impensable cent ans plus tôt, où le couple s’installe seulement après le mariage. La société a évolué et les personnes qui sont en couple préfèrent prendre le temps de se connaître, de vivre ensemble, avant de faire des projets plus concrets (alors que jadis, on passait très vite de la période de « fréquentation », aux fiançailles puis au mariage). Aujourd’hui on favorise le concubinage, qui peut cesser à tout moment, sans apporter la moindre contrainte administrative, si les deux partenaires ne s’entendent plus.

Le fait de préférer le concubinage au mariage, c’est une manière de rester libre, ne pas s’attacher administrativement à une personne à laquelle on se sent déjà attaché par le cœur. Avec l’évolution des mentalités, et le fait que les femmes peuvent désormais travailler et être parfaitement autonomes, le mariage n’a plus la même symbolique qu’autrefois.  La bague de fiançailles peut, dans ces conditions, paraître démodée. Jadis, elle marquait le lien qui existait entre deux êtres. Aujourd’hui, deux personnes non mariés inscrivent leur volonté de vivre ensemble en devenant propriétaires communs d’un bien immobilier ou en ayant un enfant (quand, un siècle plus tôt, fonder une famille se faisait après le mariage). 

Bague offerte à Joséphine de Beauharnais par le futur Napoléon Ier

Malgré tous ces bouleversements au sein de la société, la bague de fiançailles résiste. Elle reste, pour beaucoup de jeunes filles – qui ont pu contempler celle de leur mère ou de leur grand-mère – une tradition, un beau bijou qui reste, malgré tout, le symbole de l’amour que se porte deux êtres. Elle traversera le temps, se transmettra. Mais la bague de fiançailles a néanmoins perdu sa fonction de jadis, lorsqu’elle annonçait un mariage pour l’année suivant la demande. Aujourd’hui certains couples restent fiancés plusieurs années avant de se marier (pour raison budgétaire, parce qu’ils ont d’autres priorités comme celle de fonder une famille…).  Certaines jeunes filles reçoivent même une bague de fiançailles sans avoir l’intention de se marier un jour. Pour elles, ce bijou c’est leur « bague d’amour ». L’important, c’est de montrer qu’on est en couple, que l’on s’aime et que l’on vit ensemble.

Comment se fiance-t-on  ? 

Traditionnellement, le jeune homme demande d’abord au père de sa chère et tendre s’il consent à lui donner la main de sa fille (père auquel il a d’abord sollicité la permission de fréquenter celle qu’il souhaite aujourd’hui demander en mariage). Une fois que le père a donné son accord, le jeune homme fait sa demande officielle à l’élue de son cœur, en lui offrant une jolie bague, qui annonce leurs fiançailles. Mais soyons réaliste, cette pratique est de moins en moins courante. Il y a cent ans, la femme dépendait d’abord de son père puis de son époux. En donnant sa fille en mariage, le père avait alors la responsabilité de l’avenir de sa fille (il fallait que le futur époux puisse pourvoir aux besoins de sa femme). Mais aujourd’hui, la femme ayant gagné en autonomie, elle n’a plus besoin de la permission paternelle pour accepter une demande en mariage. Ainsi, de plus en plus de couples annoncent à leurs parents qu’ils se sont fiancés, sans que le père de la future mariée ait donné son accord.  Pour preuve de l’évolution des mentalités, la femme n’est plus la seule à recevoir une bague de fiançailles ! Si, jadis, l’homme pouvait recevoir de sa promise une montre, une chevalière ou des boutons de manchettes, il est de plus en plus courant que le fiancé reçoive, lui aussi, une bague de fiançailles de la part de sa future femme !  Certaines vont jusqu’à prendre l’initiative de faire elles-mêmes une demande en mariage à leur compagnon, plutôt que d’attendre qu’il se décide à franchir le pas.

bague de fiançailles pour homme 

De quoi se compose la bague de fiançailles ? 

Le diamant revient souvent sur une bague de fiançailles, au sommet de montures de plus en plus originales. Déjà au Moyen Age, des princes et autres grands seigneurs offraient à leur promise une bague sertie de diamants et autres pierres précieuses. Car si le diamant symbolise l’éternité, ce n’est pas la pierre la plus en vogue au Moyen Age. Le rubis, rouge passion, a davantage de succès comme le saphir ou l’émeraude. La bague est alors très chargée de pierres et de motifs. Ce n’est qu’au XVIIe siècle que les bagues de fiançailles sont allégées, pour mettre en valeur un  seul et beau diamant, comme celui que la reine Victoria Ire reçoit du prince Albert au  XIXe siècle.  Au XXe siècle, les bague de fiançailles se composent bien souvent du traditionnel solitaire (un diamant unique sur une monture travaillée). Mais on trouve également des « toi et moi » composées de deux pierres (diamants, pierres précieuses ou perles) entrelacés au sommet de la bague. La « Marguerite », composée d’une pierre précieuse centrale entourée de diamants (à l’exemple de celle portée par la princesse Diana), remporte également un grand succès.

bague « toi et moi » et bague « Marguerite »
                         

Aujourd’hui, de « nouvelles » bagues de fiançailles ont fait leur apparition, et il n’y a plus vraiment de référence lorsque l’on choisit une bague de fiançailles. La bague de fiançailles peut être n’importe quelle bague, pour un peu qu’elle plait à celle qui la reçoit. Les personnes attachées à la symbolique de l’éternité du diamant restent traditionnelles en choisissant un solitaire (dont les montures ont évolué, sont devenues plus sobres, plus discrètes). Les « toi et moi » ont tendance a s’effacer au profit de la « trilogie », composée de trois diamants symbolisant le passé, le présent et l’avenir. Avec l’évolution des mentalités, on est cependant de moins en moins prisonnier des traditions, et beaucoup souhaitent s’affirmer.

A défaut de casser net avec les traditions, on les accommode au gré de nos envies. Ainsi, si les femmes reçoivent encore une bague de fiançailles, celle-ci est souvent composée d’une pierre de couleur agréable à la future mariée. Si le rouge passion du rubis et le bleu « fidélité » du saphir attirent toujours, on voit de plus en plus de pierres fines (dites aussi semi-précieuses) sur les bagues de fiançailles, de l’améthyste violette à l’aigue-marine bleue (pierres porte-bonheur), en passant par  la citrine jaune soleil ou le péridot vert éclatant.  Les femmes d’aujourd’hui préfèrent les bagues discrètes et fines, plutôt que volumineuses comme on pouvait en trouver au siècle dernier.  A une époque où on veut se distinguer des autres, on voit de plus en plus de bagues faites sur-mesure, dessinées et réalisées spécialement pour la future fiancée, avec des pierres sélectionnées chez le bijoutier ou provenant d’une ancienne bague.

La bague de fiançailles d’aujourd’hui n’est plus forcément composée d’une ou de plusieurs pierre(s). Dans l’Antiquité, les premières bagues de fiançailles ressemblent à une alliance d’aujourd’hui : un simple anneau, symbole d’infini, qui n’a ni début, ni fin. Aujourd’hui, certaines femmes reçoivent encore cet anneau lors des fiançailles. On trouve également des bagues (ou alliances) composées de deux anneaux entrelacés et qui ne peuvent être séparés. La grande tendance du XXIe siècle reste la bague « cœurs » souvent composée de deux cœurs entremêlés et inséparables, fidèle au message d’amour que souhaite faire passer le couple heureux.

Bague « trilogie » et Bague « cœurs », tendances du XXIe siècle

 Par qui est choisie la bague de fiançailles ? 

Jadis, il était de tradition que le jeune homme s’occupe lui-même de l’achat de la bague de fiançailles, y consacrant environ un mois de salaire. Dans cet achat très spécial, il pouvait se faire aider financièrement par ses parents qui, parfois, contribuaient à l’acquisition de ce précieux bien. Mais la bague de fiançailles pouvait également être léguée par la mère ou la grand-mère du jeune homme. Elle était alors déjà lourde de symboles pour la jeune femme qui la recevait.

La transmission d’une bague de fiançailles est de moins en moins courante. La femme, qui n’a plus la même mentalité que celle du siècle dernier, ne souhaite plus avoir une bague de fiançailles mais bien SA bague de fiançailles : une bague qui lui correspond entièrement. La femme moderne peut être réticente à porter une bague vieille de plusieurs dizaines d’années, d’un style démodé qui ne lui correspond absolument pas. Ainsi, à défaut d’être offerte telle qu’elle est, la bague familiale peut être transformée, rendue plus moderne,  les pierres qui la composent pouvant aussi être réutilisées pour la fabrication d’une nouvelle bague. Ainsi l’héritage familial ne se perd pas mais est mis au goût du jour. 

De nouvelles pierres sur la bague de fiançailles : le diamant noir et le rhodolite

La femme s’affirmant de plus en plus, elle est également de plus en plus présente lorsqu’il s’agit d’acheter sa bague de fiançailles… car il serait fâcheux que la bague choisie par son futur époux ne lui plaise pas.  Les hommes, qui ne veulent pas prendre le risque de décevoir l’élue de leur cœur, préfèrent que la bague de fiançailles soit choisie à deux, avant ou après la demande en mariage. Certaines femmes, qui veulent conserver un soupçon de surprise, indiquent leurs préférences à leur compagnon, qui choisira ensuite. Il est de moins en moins fréquent que la famille du futur marié (ou de la future mariée) participe à l’achat de la bague de fiançailles (car il n’est pas certain que  la jeune femme ait les mêmes goûts que sa future belle-mère).

Le prix que l’on met dans une bague de fiançailles varie beaucoup. Il se fait davantage en fonction des finances disponibles que par rapport au salaire du futur marié. Aujourd’hui, la vie à deux commence bien avant le mariage et le couple doit souvent investir dans l’achat d’une maison, de meubles… ou consacrer une partie de son budget aux enfants qui sont déjà là ! Selon son budget, et l’importance que l’on accorde à la bague de fiançailles (certains couples préféreront investir davantage dans les alliances, la robe de mariée, le repas de mariage, le voyage de noces…), celle-ci est en or ou en argent, sertie de diamants ou de pierres moins onéreuses mais tout aussi jolies ou encore à motifs (cœur, étoile…).

Quel avenir pour la bague de fiançailles ? 

Aujourd’hui la bague de fiançailles est devenue un témoignage discret de l’amour que se porte deux êtres, mais n’annonce plus la prochaine union à court terme. Elle existe encore grâce à l’attachement de nombreuses femmes envers la tradition, même si on ne retient d’elle que ce que l’on souhaite. Pour preuve, la bague de fiançailles est parfois remplacée par un pendentif pour les femmes manuelles et/ou qui ne portent pas de bague par choix. Ces femmes se voient offrir un cœur qu’elle porte autour du coup ou un symbole plus personnel (une clef de Sol pour une musicienne…).

De plus en plus de femmes reçoivent une bague, non pas lors d’une demande en mariage, mais à l’occasion d’une naissance. En effet, dans un XXIe siècle où l’on fonde souvent une famille avant le mariage (si mariage il y a un jour), l’heureux père offre à sa compagne une bague « de naissance » qui vient remplacer, jouer le rôle, de la bague de fiançailles.

Le solitaire, indémodable

 Malgré cette concurrence et l’évolution des mentalités, la bague de fiançailles – si elle apparaît parfois comme étant démodée – n’est pas prête de tomber aux oubliettes. Au delà de la promesse de mariage, c’est une promesse d’amour qu’elle représente aujourd’hui. A défaut d’être offerte à une belle-fille, elle sera transmise à la fille ou petite-fille qui gardera comme un trésor cet objet symbolique… et qui rêvera du jour où on lui en offrira une qui témoignera des sentiments qu’elle inspire à un homme.


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