08. Benoît-Louis Le Duc
Le 7 février 1764, Jeanne-Louise Tiercelin de La Colleterie, 17 ans, petite maîtresse de Louis XV, met au monde un garçon. L’enfant, baptisé le lendemain de sa naissance en la paroisse Saint-Paul à Paris, porte le nom de Benoît-Louis Le Duc. Officiellement, il est le fils d’un certain Louis Le Duc, ancien officier de cavalerie, et de Julie de La Colleterie. Cependant, derrière le pseudonyme de « Le Duc », il n’est pas difficile de reconnaître le roi de France. La plupart des historiens admettent que Benoît-Louis Le Duc est le huitième et dernier enfant naturel de Louis XV. Peu de temps après la naissance de son enfant, Mlle Tiercelin est exilée de la cour, après avoir tenté – en vain – de faire légitimer son fils par le roi. Tenue à l’écart de son enfant, Jeanne-Louise Tiercelin meurt en 1779 sans l’avoir revu.
De l’enfance de Benoît-Louis on ne sait rien si ce n’est qu’il reçoit – comme six autres des enfants naturels de Louis XV – des lettres patentes de noblesse, signées par Louis XVI en août 1774, ainsi qu’une rente annuelle de 24.300 livres. En 1784 il est question de l’entrée dans les ordres de Benoît-Louis. Il lui faut néanmoins une dispense du Pape, l’enfant étant né hors mariage. Le cardinal de Bernis va s’occuper d’obtenir cette dispense, avec le soutien des filles de Louis XV. En mars 1786, Madame Louise, fille de Louis XV devenue religieuse, émet le souhait qu’une abbaye soit donnée à son demi-frère naturel, comme ce fut le cas pour Louis-Aimé de Bourbon. Peu de temps après, Benoît-Louis devient l’abbé Le Duc. Il dirige les abbayes de Saint-Martin (à Paris) et Saint-Vincent (à Laon) qui lui assurent une rente confortable. Par la suite, Benoît-Louis souhaite se rendre à Rome où se trouve justement son demi-frère Louis-Aimé. Le projet est vite abandonné, le cardinal de Bernis craignant qu’un conflit n’oppose les deux frères, le premier jouissant de certains égards dus à son nom de «Bourbon », puisque reconnu par Louis XV à la différence de l’abbé Le Duc.
Au cours de la Révolution Française, l’abbé Le Duc prend partie pour les royalistes et participe à plusieurs complots dont celui de Favras dès la fin de l’année 1789. Lorsque la famille royale s’exile, l’abbé Le Duc lui prête plus de 227.000 livres. Le 21 janvier 1793, Benoît-Louis écrit à la Convention afin de « la prier de lui faire délivrer le corps de Louis Capet, pour lui rendre les honneurs de la sépulture ». Le 24 janvier, sa demande est rejetée. D’après la comtesse de Bohm, l’abbé Le Duc aurait ensuite été arrêté et placé sous l’égide tutélaire de Robespierre. On pense ainsi que Benoît-Louis servit d’intermédiaire entre le futur Louis XVIII et celui que l’on surnomme alors « l’Incorruptible ». Relâché, il participe jusqu’en 1815 – date du retour des Bourbon en France – à des complots organisés par les royalistes, dont la conspiration Brottier-Lavillarnois, en 1796. Sous la Restauration, l’abbé Le Duc fréquente assidûment les Tuileries. Louis XVIII lui octroie une pension de 6.000 francs et lui rembourse, en 1816, l’argent prêté au temps de l’exil. Après les Trois Glorieuses et la montée sur le trône de Louis-Philippe Ier, l’abbé Le Duc demande au successeur de Charles X de bien vouloir maintenir sa pension, accordée par Louis XVIII, ce à quoi le roi des Français consent. Louis-Benoît Le Duc décède à Paris en 1837, à l’âge de 73 ans.
Religieux, Benoît-Louis n’a pas eu de descendance officielle. Cependant, à l’époque de la Restauration, un certain Marie-François Le Duc, vivant à Bordeaux, passe pour être son fils naturel.
Bibliographie
– Louis XV, par Michel Antoine
– Les bâtards de Louis XV et leur descendance, par Joseph Valynseele et Christophe Brun
– Les enfants de Louis XV : descendance illégitime, par Henri Vrignault