01. Louis le Pieux et l’Ordinatio Imperii
A sa mort, le 28 janvier 814, Charlemagne ne compte plus qu’un seul héritier mâle : Louis le Pieux, qui devient alors roi des francs et empereur d’Occident. L’épouse de celui-ci , Ermengarde, fille du comte de Hesbaye, lui a déjà donné trois fils. Le 9 avril 817, le roi Louis Ier le Pieux est blessé suite à l’effondrement d’un portique à Aix-la-Chapelle. Cet accident pousse le roi a envisager dés à présent sa succession. Louis Ier espère ainsi assurer la cohésion au sein de l’empire : son fils aîné, Lothaire, prendra le titre d’Empereur ; le puîné, Pépin, sera roi d’Aquitaine. Quant au cadet, Louis, il héritera de la Bavière. Ce partage est ainsi établi dans l’Ordinatio Imperii de 817. Ce partage mécontente le neveu du roi, Bernard d’Italie, descendant, lui aussi, de Charlemagne. En 818, s’entourant de fidèles, il marche jusque Chalon-sur-Saône où il est arrêté et condamné à mort par Louis Ier. Cependant, le roi le gracie et ordonne que sa peine soit commuée par aveuglement au fer incandescent : Bernard meurt trois jours plus tard, des suites du supplice. Avec son décès, le problème de la révolte contre l’Ordinatio Imperii est réglé. Cette même année, l’épouse de Louis Ier, Ermengarde, meurt . Le roi se remarie en 819 avec la belle et jeune Judith de Bavière. En 823, la nouvelle reine met au monde un fils, prénommé Charles. Pour ne pas déshériter son quatrième fils, Louis Ier donne à Charles des terres qui revenaient à son fils aîné, Lothaire. Ce dernier et ses deux frères, Pépin et Louis, exigent alors que l’Ordinatio Imperii de 817 soit respecté. Pourtant, en 829, Louis Ier supprime l’acte de partage.
En 831, le roi établit un nouveau partage du royaume mais ses trois fils aînés y perdent des territoires et en sont mécontents. Soutenus par le Clergé et la noblesse, les trois frères s’unissent contre leur père, qui favorise de plus en plus le petit Charles, son fils préféré. En juin 833, le roi est fait prisonnier près de Colmar, destitué puis transféré dans un monastère à Soissons. Judith et Charles sont enfermés dans un couvent. Une fois Louis Ier écarté, Lothaire s’impose, s’attirant la colère de ses deux frères, Pépin et Louis, qui s’allient contre lui, estimant qu’ils ont mérité une récompense pour avoir soutenu leur frère aîné. Dés 834, Lothaire doit fuir vers l’Italie tandis que Pépin et Louis ramènent leur père sur le trône, moyennant des terres. La reine Judith et Charles rejoignent le roi. Bien qu’il ait recouvré son trône, le prestige de Louis Ier s’est affaibli depuis qu’il a renié les termes de l’Ordinatio Imperii. Lorsque Pépin meurt prématurément en 838, Lothaire propose que l’Ordinatio Imperii soit finalement appliqué et que l’on donne tout simplement à Charles la part qui devait revenir à Pépin. Mais Louis Ier a changé ses plans et ne souhaite plus que Lothaire lui succède en tant qu’ Empereur. En 839, Louis Ier établit un dernier partage : Lothaire a l’Italie, Louis a toujours la Bavière et Charles hérite de l’empire et de l’Aquitaine. Les nobles et Louis le Germanique – surnom du troisième fils de Louis Ier qui est maintenant roi de Bavière – se révoltent.
Une guerre entre le roi et son fils Louis est prévisible. Or, le 22 juin 840, Louis Ier le Pieux meurt, laissant ses fils se partager son royaume. Lothaire revient pour récupérer « son empire » décidé en 817. Charles II le Chauve – surnom du quatrième fils de Louis Ier – s’allie avec Louis le Germanique. Les armées des deux frères battent celle de Lothaire à Fontenoy-en-Puisaye le 24 juin 841. Lothaire n’est toujours pas calmé, ce qui pousse Charles II et Louis à se prêter serment de fidélité : ainsi, le 14 février 842, les deux frères se jurent amitié à Strasbourg. Lors du partage de Verdun, en août 843, Charles II conserve l’Ouest du royaume, Louis prend la Saxe, l’Austrasie, l’Alémanie et la Bavière tandis que Lothaire conserve finalement l’ Italie et obtient de ses frères Aix-la-Chapelle ainsi que le titre d’empereur d’Occident… sans pour autant avoir le vaste empire qu’avait laissé Charlemagne. Le royaume de Charles II prend le nom de « Francia » (« France » dans notre langage moderne).
Bibliographie
– La dynastie des Carolingiens et leurs alliances : des origines à leur extinction, par Michel Démorest
– Les Carolingiens (741-987), par Christian Bonnet et Christine Descatoire
– Les Carolingiens : une famille qui fit l’Europe, par Pierre Riché