Favorites Royales

Les Favorites rivales de François Ier

Françoise de Foix : 

Quatrième enfant et unique fille de Jean de Foix, vicomte de Lautrec, et de Jeanne d’Aydie, comtesse de Comminges, Françoise naît  en 1495. On la dit d’une grande beauté avec de longs cheveux noirs et un teint très blanc. Françoise est élevée avec ses frères à la cour de France, auprès de la reine Anne de Bretagne. Dès l’âge de 11 ans, la jeune fille se retrouve fiancée à Jean de Laval, comte de Chateaubriand, qui vient juste d’avoir 19 ans. Le mariage a lieu le 4 septembre 1505. La reine, ravie par cette union,  octroie à la jeune  mariée une dot s’élevant à 20.000 livres. Le couple s’installe sur les terres de Chateaubriand. Les premières années de mariage sont celles d’un amour passionné entre les deux époux. En 1514, Françoise met au monde une fille, prénommée Anne en l’honneur de la reine décédée le 9 janvier de l’année. La protectrice de la comtesse de Chateaubriand est suivie dans la tombe par le roi Louis XII l’année suivante. Le duc d’Angoulême, cousin du souverain, monte alors sur le trône sous le nom de François Ier.  A la cour du nouveau roi, on vante les qualités de Françoise de Foix, réputée jeune, belle et intelligente. Le roi la fait venir très rapidement à la cour, en tant que première dame d’honneur de son épouse, la reine Claude. Il ne faut que peu de temps à Françoise pour tomber sous le charme du monarque. François couvre alors sa favorite de présents tels que des bijoux, des terres et des châteaux ainsi que des charges importantes pour les membres de sa famille. Si le roi affiche sa relation avec Françoise, cela déplaît beaucoup au comte de Chateaubriand, qui se révèle être un mari fort jaloux, et à Louise de Savoie, la mère du roi, qui déteste Françoise.
 

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Françoise de Foix, par Jean Clouet (1515)

En 1525, François Ier est retenu prisonnier en Espagne et la comtesse de Chateaubriand sombre dans l’oubli jusqu’à son retour. Après le décès de sa fille aînée, en 1522, Françoise met  au monde une petite Justine Nicolette de Laval en 1530. A son retour d’Espagne, François Ier prend une autre maîtresse, la jeune Anne de Pisseleu, poussée dans ses bras par Louise de Savoie. Mais au lieu de renvoyer Françoise, le roi  contraint les dames  de la faveur royale  à cohabiter ensemble car il reste très attaché à la comtesse de Chateaubriand. Ce ne sont plus alors que jalousies et rivalités entre Anne et Françoise. Supportant de moins en moins la situation, la comtesse de Chateaubriand repart en Poitou. En 1532, elle revoit son royal amant lorsque celui-ci vient s’entretenir avec le comte de Chateaubriand au sujet de la Bretagne, dont ce dernier est gouverneur. Mais la passion de François Ier pour Françoise n’existe plus. C’est la dernière fois que la comtesse voit le roi. Elle meurt subitement le 16 octobre 1537 à l’âge de 42 ans. Son décès est si soudain que l’on penche pour un assassinat : son époux lui aurait fait payer son infidélité en l’empoisonnant ou en l’étranglant. Une légende noire soutient également que le comte de Chateaubriand lui aurait ouvert les veines et aurait laisser son épouse se vider de son sang… Françoise de Foix est inhumée en l’église du couvent de la Trinité à Chateaubriand. En apprenant la mort de son ancienne favorite, François Ier fait écrire un rondeau pour lui rendre un dernier hommage :

Ici dessous, ci git en peu d’espace
De fermeté la montagne et la masse
En amitié seul chef d’œuvre parfait
Elle a souffert qu’en son vivant l’aimasse
O quel record, que le temps point n’efface
L’ame est en haut, du beau corps c’en est fait
Ici dessous !

 
Jean de Laval, qui décède en 1543, refusera d’être enterré auprès de sa femme. Quant à leur fille, Justine Nicolette, elle meurt aussi obscurément que sa mère, également en 1537. Là encore, la rumeur veut que l’enfant fut victime de maltraitance de la part du comte de Chateaubriand. 


Anne de Pisseleu : 

Fille de Guillaume de Pisseleu, seigneur d’Heilly, d’Anne Sanguin, Anne de Pisseleu naît en 1508 en Picardie. Sa famille, quoique pauvre, est de haute noblesse. En 1518, la jeune fille perd sa mère. L’année suivante, son père se remarie avec Madeleine de Laval, qui élève Anne comme sa propre fille. Madeleine est une lointaine cousine de Jean de Leval, époux de François de Foix, future rivale d’Anne de Pisseleu… En 1522, Anne entre à la cour de France en tant que fille d’honneur de Louise de Savoie. Sa rencontre avec François Ier se déroule à Bayonne, en 1526, avec la bénédiction de la mère du  roi, qui veut faire oublier à François Ier sa maîtresse, Françoise de Foix. La jeune Anne séduit le roi par sa beauté et sa grande culture ainsi que par sa passion pour les arts. La cohabitation avec Françoise de Foix est des plus difficiles pour Anne qui, a l’âge de 18 ans, doit faire face à une femme qui en a plus de 30. Après que celle-ci ait quitté la cour, la demoiselle de Pisseleu règne en maîtresse absolue et exigeante. Elle est cependant humiliée lors d’un tournoi où doit être désigné la plus belle dame de l’assemblée : le jeune prince Henri (futur Henri II) désigne Diane de Poitiers, veuve du Grand Sénéchal, pourtant bien plus âgée que Anne. Dès lors, des tensions se font sentir entre les deux femmes et chacune cherche un appui  à la cour : Marguerite d’ Angoulême, sœur du roi, se range du côté de Diane de Poitiers tandis que la reine Éléonore, seconde épouse de François Ier, soutient Anne de Pisseleu.

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Anne de Pisseleu
(attribué à Corneille de Lyon)

A la mort de Louise de Savoie, en 1531, Anne est nommée gouvernante des filles de François Ier. L’année suivante, François Ier lui offre le domaine de Challeau et se met en quête d’un époux arrangeant pour sa maîtresse, afin de lui donner une bonne situation. En 1533, Anne de Pisseleu devient la femme du désargenté Jean de Brosse, auquel François Ier fait donner 72.000 livres contre la garantie qu’il se fasse discret et lui laisse profiter de son épouse. En 1534, le couple de jeunes mariés reçoit le comté d’Etampes, qui est érigé en duché en 1536. Le mariage n’a,  à priori,  jamais  été consommé et le duc se retire vite sur ses terres laissant Anne, nouvelle duchesse d’Etampes, à la cour. Avec la mort brutale du dauphin François en 1536, le prince Henri se retrouve héritier de trône. De ce fait, Diane de Poitiers et mise en avant au détriment d’Anne de Pisseleu. Avec la mort de François Ier en 1547, la duchesse d’Etampes perd sa place officielle à la cour  et se voit contrainte de restituer tous les cadeaux faits par le roi. Anne se réfugie sur ses terres. Son époux décède en 1565 sans qu’ils ne se soient revus. La duchesse d’Etampes se fait si discrète durant les dernières années de sa vie qu’on ne peut avancer avec certitude le lieu et la date de son décès. On retient souvent l’année 1580 et le château d’Heilly dans la Somme. Anne de Pisseleu aura vaincu sa grande rivale, Diane de Poitiers, dans la mort puisque la favorite d’Henri II décède bien avant elle, en 1566.

Bibliographie 

– Favorites et dames de cœur : Quand l’amour triomphe de la raison d’Etat, par Pascal Arnoux
– Les Femmes de François Ier :  Mère, sœur, épouses, maîtresses, par Christiane Gil
François Ier et la Renaissance, par Gonzague Saint Bris