A la cour d'Angleterre

Charles Ier. chap. 1 : La jeunesse du prince

Avec la mort de la reine Elizabeth Ier, le 23 mars 1603, s’achève le règne des Tudor en Angleterre. Son successeur est son petit-cousin, le roi d’Ecosse Jacques VI Stuart. Celui-ci, qui règne sur l’Angleterre sous le nom de Jacques Ier, ne se doute pas que son fils, Charles, connaîtra un jour le même sort que sa propre mère, Marie Stuart. Charles Ier régnera de 1625 à 1649 sur une Angleterre fragilisée par des conflits religieux, qui avait pourtant accueilli avec joie sa montée sur le trône. Ce roi, qui avait tout pour réussir montera pourtant sur l’échafaud, haï par son peuple…

Second fils de Jacques Ier d’Angleterre (1566-1625) et de Anne de Danemark (1574-1619), Charles n’est pas destiné à régner. Né le 19 novembre 1600 et titré duc d’Albany, l’enfant affiche une santé fragile, ce qui laisse supposer qu’il ne vivra pas longtemps. Souvent victime de fortes fièvres, et autres maladies, le petit prince ne sait ni parler ni marcher à l’âge de 2 ans. Il grandit loin de la famille royale, à Dunfermline, en Ecosse. Durant son enfance, « Baby Charles » – surnom que lui donne Jacques Ier –  est confié à Lady Carey, une gouvernante qui fait de son mieux pour le fortifier. Le duc d’Albany n’aura pas de relations privilégiées avec sa mère, la reine Anne, et gardera d’elle le souvenir d’une femme froide. En revanche, il noue des liens très forts avec son père, qui a toujours été proche de ses enfants. Charles fait officiellement son entrée à la cour d’Angleterre en 1606, en tant que duc d’York. A cette occasion, il rencontre son frère aîné Henry-Frédéric (né en 1594), et sa sœur Elisabeth (née en 1596). Charles a pour le prince de Galles, l’héritier du trône, un profond respect.

Jacques Ier, Anne de Danemark et leur fils aîné, Henry-Frédéric (anonyme, XVIIe siècle)
Jacques Ier, Anne de Danemark et leur fils aîné, Henry-Frédéric (anonyme, XVIIe siècle)

Le 6 novembre 1612,  Henry-Frédéric meurt soudainement d’une maladie (peut-être la typhoïde), à l’âge de 18 ans. Le duc d’York, qui jusqu’alors vivait dans l’ombre de son frère aîné, se retrouve projeté au premier rang du jour au lendemain, sans être préparé à la fonction de prince héritier. Désormais prince de Galles, Charles doit assumer plusieurs charges, Jacques Ier tombant malade suite au décès de son  fils aîné.  Face à ses nouveaux devoirs, le prince compte sur son ami d’enfance, Georges Villiers, duc de Buckingham. Ce dernier est aux côtés de Charles pour l’épauler, notamment lorsque le prince se plaint du fait que le roi Jacques Ier, une fois rétabli, ne lui laisse pas assez de responsabilités. D’ailleurs le terme de « baby Charles », que le roi utilise  encore à l’attention de son fils, est autant un surnom affectif qu’un moyen de rabaisser Charles par rapport à lui. Le prince trouve une nouvelle écoute auprès du duc de Buckingham, lequel influencera vraisemblablement le futur Charles Ier durant les premières années de son règne.

Charles Stuart, prince de Galles, par Isaac Oliver (1615)
Charles Stuart, prince de Galles, par Isaac Oliver (1615)

En 1617, Jacques Ier espère marier son fils avec la fille de Philippe III d’Espagne, l’Infante Maria-Anna, qui pourrait apporter en dot le Palatinat. Cependant, l’Infante très catholique refuse d’épouser un prince protestant, quand bien même il se convertirait. La venue du prince de Galles et du duc de Buckingham en Espagne, pour faire avancer les négociations, n’y change rien. Se sentant déshonoré devant les prétentions de l’Espagne et le refus de l’Infante d’épouser son fils, Jacques Ier met un terme aux négociations et déclare la guerre à Philippe III en 1623, poussé par Charles et Buckingham. L’Angleterre, vexée du comportement  de l’Espagne, souhaite  s’allier avec l’un de ses ennemis. Jacques Ier se tourne alors vers la France et le jeune Louis XIII, pour demander la main de sa sœur, la jeune princesse Henriette-Marie, née en 1609. Bien que la France soit un pays catholique, l’union avec l’Angleterre est souhaitée en vue de l’alliance politique qui pourrait réunir les deux pays. De plus, la princesse Henriette-Marie amène à l’Angleterre une forte dot. Partisan de ce mariage, Jacques Ier ne le voit pas aboutir. En effet le roi, malade depuis le début de l’année, meurt d’une crise de dysenterie le 27 mars 1625, quelques semaines avant l’union de Charles et d’Henriette-Marie. Le mariage a lieu le 13 juin à Canterbury.

Charles Ier et Henriette-Marie de France, par Anthony Van Dyck ( 1632)
Charles Ier et Henriette-Marie de France, par Anthony Van Dyck ( 1632)

Lorsque Henriette-Marie  arrive en Angleterre, elle amène dans sa suite plusieurs jésuites. Le peuple anglais craint alors que la reine ne veuille le convertir. Le couronnement du couple royal pose un réel problème. En effet, Henriette-Marie, soutenue depuis la France par Louis XIII, refuse de se faire couronner dans une église protestante. Charles Ier est, par conséquent, couronné seul, ce qui mécontente le peuple. L’incident rend la nouvelle reine  impopulaire mais ne remet pas en cause l’estime et l’amour que voue Charles Ier à sa jeune épouse. Les liens qui unissent le roi et la reine sont mal perçus par le peuple, autant que par le Parlement. Tous craignent qu’Henriette-Marie n’influence le souverain. Si elle déplaît, la reine assure la dynastie des Stuart en donnant neufs enfants à Charles Ier : 

– Charles Jacques (1628-1628)
– Charles II (1630-1685), ép. en 1662 Catherine Henriette de Bragance (1638-1705)
– Mary Henriette (1631-1660), ép. en 1641 Guillaume d’Orange-Nassau (1626-1650)
– Jacques II (1633-1701), duc d’York, Ep. en 1600 Anne Hyde (1637-1671) puis Marie-Béatrice  d’Este (1656-1718) en 1673
– Elizabeth (1635-1650), sans alliance
– Anne (1637-1640)
– Catherine (1639-1639)
– Henry (1640-1660), duc de Gloucester, sans alliance
Henriette Anne (1644-1670), ép. en 1661 Philippe de Bourbon-Orléans (1640-1701)

Malgré les années, la reine refuse toujours de se convertir et pratique ouvertement sa religion. Elle réussit à garder sa cour française en Angleterre et conseille son époux. Pour certains historiens, la longue chute de Charles Ier débute à partir du moment où la reine Henriette-Marie commence à déranger le peuple anglais.

Pour en savoir plus : « Charles Ier » de Pauline Gregg

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