Les enfants illégitimes de Louis XIV

03.Louis, comte de Vermandois

Le 2 (ou le 3 selon les sources) octobre 1667, Louise de La Vallière met au monde un fils à Saint-Germain-en-Laye. La favorite du roi espère que cette naissance lui rendra le cœur de Louis XIV, qui la délaisse depuis quelques mois pour la belle marquise de Montespan. Hélas, le roi a cessé pour de bon d’aimer la douce et innocente Louise. La maîtresse du roi déchue obtient néanmoins que son enfant porte le prénom de Louis, celui du royal père. En février 1669, Louis XIV légitime son fils en lui donnant le titre de comte de Vermandois. A cette occasion, le jeune Louis de Bourbon – qui n’a que 2 ans – devient également Amiral de France. Son éducation est confié à Madame Colbert, qui s’est déjà occupé des précédents enfants de Louise de la Vallière. En 1674, le petit comte perd sa mère : en effet, la duchesse de la Vallière a décidé de finir ses jours au Carmel, pour racheter ses pêchés,  alors qu’elle n’a que 30 ans. Louis se rapproche énormément de sa sœur Marie-Anne, Mademoiselle de Blois, qui n’a qu’un an de plus que lui. Privé de mère, le comte de Vermandois trouve du réconfort auprès de la duchesse d’Orléans, la princesse Palatine Elisabeth-Charlotte de Bavière. Cette dernière l’emmène dés qu’elle le peut voir l’ancienne duchesse de la Vallière, devenue Sœur Louise de la Miséricorde. Affectueusement, Louis nommera toute sa vie sa mère « belle maman » en raison de sa beauté naturelle. Pourtant, l’ancienne maîtresse du roi, désormais repentante, demeure distante et froide avec son fils lors de ses visites, considérant cet enfant comme le reflet de ses fautes. Le comte de Vermandois devient vite vulnérable, au sein d’une cour dans laquelle il n’a presque aucun soutien : le roi lui préfère les enfants nés de sa nouvelle maîtresse, la marquise de Montespan. Quant à sa sœur, elle se marie en 1680 avec le prince de Conti, devenant ainsi princesse du sang.  

Mademoiselle de Blois et le comte de Vermandois en 1673, par Louis-Edouard Rioult
Mademoiselle de Blois et le comte de Vermandois en 1673, par Louis-Edouard Rioult

Alors qu’il n’a pas 13 ans, en 1681, le jeune Louis commence à avoir de mauvaises fréquentations : il se rapproche dangereusement du chevalier de Lorraine, favori de Monsieur, Philippe d’Orléans, qui affiche clairement son penchant pour les hommes. A cette époque, le « vice italien » (l’homosexualité) augmente dans le royaume et le jeune Louis, influençable, est entraîné sur cette voie qui scandalise l’Eglise. Affolée par l’attitude du comte de Vermandois, la princesse Palatine tente de remettre dans le droit chemin. Elle témoigne : « Il voulait se corriger, je devais lui rendre mon amitié, sans laquelle il ne pouvait vivre, et l’assister à nouveau de mes conseils. Il me raconta toute son histoire. Il a été horriblement séduit ». Malgré  ses promesses à sa bienfaitrice, le jeune Louis ne tarde pas à retomber sous l’influence des mignons de Monsieur. Le duc d’Orléans, frère de Louis XIV, est depuis longtemps homosexuel et le roi l’a accepté. En effet, le Roi-Soleil préfère que son frère cadet donne libre cours à ses penchants plutôt que de se mêler de politique. En revanche, le monarque ne peut se résoudre à ce que son fils emprunte le même chemin. Les compagnons de débauche du comte de Vermandois sont rapidement exilés lorsque Louis XIV découvrent la mauvaise influence qu’ils exercent sur son fils. En dépit de son âge, le roi n’hésite pas à réprimander fort sévèrement le jeune Louis, qui tombe en disgrâce. Il est décidé que le comte de Vermandois prendrait le chemin de l’exil en juin 1682 : Louis est assigné en Normandie, sur ordre du roi. Ni les protestations de la duchesse d’Orléans, ni les larmes de la princesse de Conti ne font fléchir Louis XIV. 

Le comte de Vermandois par Pierre Mignard, vers 1680
Le comte de Vermandois par Pierre Mignard, vers 1680

A la cour, une question  est sur toutes les lèvres : Louis XIV pardonnera-t-il la conduite de son fils ? En 1683, la princesse Palatine, qui a toujours aimé  et défendu le comte de Vermandois, demande au roi d’autoriser le jeune homme à se rendre au siège de Courtray, en Flandres, afin qu’il puisse racheter ses erreurs sur le champs de bataille. Malheureusement, sur place, le jeune Louis est victime d’une forte fièvre. En dépit de la maladie, le comte de Vermandois continue à se battre pour retrouver son honneur auprès du roi, n’écoutant pas le marquis de Montchevreuil et le médecin royal d’Aquin, qui le conjurent de se ménager et proposent de le conduire à Lille, afin qu’il s’y repose. Louis XIV est mis au courant de l’état de son fils, mais ne donne pas l’ordre de l’évacuer pour qu’il se rétablisse : «  Je suis fort satisfait de la bravoure de mon fils […] mais je ne suis pas moins en peine de ce que le sieur d’Aquin m’a dit que la fièvre était tournée en continue ».  Louis décède le 18 novembre à Courtray, à l’âge de 16 ans, sans avoir revu son père. Celui-ci verse peu de larmes à l’annonce de sa mort, ayant manifestement gardé de la rancœur envers cet enfant qui l’a déçu. Louis XIV a-t-il jamais aimé ce fils, né à la fin de sa liaison avec la duchesse de Vallière ? Lorsque Sœur Louise de la Miséricorde apprend la disparition de son fils, elle soupire qu’elle n’a pas encore assez pleuré sa naissance pour pouvoir pleurer sa mort. Seules la sœur du défunt, Marie-Anne de Bourbon, et la princesse Palatine se montrent affectées par sa disparition, avant qu’il ait pu rentrer dans les bonnes grâces du roi. Le comte de Vermandois est inhumé dans l’abbaye Saint-Vaast d’Arras. 

Bibliographie

Les reines de France au temps des Bourbons : les Femmes du Roi-Soleil, par Simone Bertière
 Les bâtards du Soleil, par Eve de Castro
– Louise de la Vallière, par Jean-Christian Petitfils

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