Les jeunes amours de Marguerite de Valois
Les contemporains de Marguerite de Valois (1553-1615) disent de la future reine de Navarre qu’elle est d’une grâce surpassant celles de toutes les femmes de son temps, que la fille d’Henri II et de Catherine de Médicis est « une déesse de ciel », « une princesse de la terre ». Pas un homme ne résiste à son charme physique. Marguerite ne possède pas que la beauté : elle excelle également en matière de conversation. Enfant sage, Marguerite devient moins chaste dés ses onze, âge auquel elle commence à avoir des amants d’après les chroniqueurs. On murmure que la princesse aime l’amour et qu’elle ne voit aucun péché dans ses actions. Pour elle, « un homme sans âme et un homme sans amour ». Marguerite passe pour être devenue, à l’âge de 15 ans, la maîtresse de ses trois frères : les futurs Charles XI et Henri III ainsi que François-Hercule d’Alençon, dernier-né de la fratrie. Si certains historiens refusent à le croire, l’auteur du « Divorce satirique » le dénonce, ainsi que Agrippa d’Aubigné dans « Les Tragiques ». Lorsqu’elle atteint l’âge de 18 ans, Marguerite tombe follement amoureuse de son cousin Henri de Lorraine, duc de Guise, âgé de 20 ans. Dotés d’un tempérament ardent tous les deux, ils ne cachent pas le moins du monde leur amour et on les surprend facilement dans les bras l’un de l’autre dans un jardin, sous un escalier ou dans les couloirs du Louvre. Leur intimité est si publique que certains vont jusqu’à penser que les deux jeunes amants se sont mariés secrètement. D’ailleurs, la princesse ne veut épouser que le duc de Guise, mais sa mère et Charles IX ne lui laissent pas le choix et la pauvre Marguerite doit convoler avec Henri de Bourbon, roi de Navarre. Quant à Henri de Lorraine, il est marié en 1570 avec Catherine de Clèves.
Le jour de son mariage – le 18 août 1572 – au moment de répondre « oui », Marguerite regarde vers le duc de Guise puis vers ses frères, désespérée. Finalement, Charles IX doit obliger sa sœur à incliner la tête au moyen d’un brusque coup de main. Ce n’est pas pour cela que la nouvelle reine de Navarre deviendra la femme d’Henri de Bourbon durant leur première nuit. D’ailleurs, son époux dégage souvent une telle odeur que la jeune femme ne peut demeurer dans le même lit plus d’un quart d’heure et en fait changer les draps bien régulièrement.
La jeune reine retrouve l’amour avec un certain Jacques de Harlay, seigneur de Champvallon mais il ne sera pas son seul amant. En 1583, devant toute la cour, Henri III énervé – et probablement jaloux – reproche à sa sœur ses scandales amoureux, la traite de tous les noms et va jusque qu’à affirmer que Marguerite a eu secrètement un enfant de Champvallon. La reine de Navarre tient tête et rétorque : « Il se plaint que je passe mon temps à faire l’amour, ne sait-il pas que c’est lui qui m’a mise le premier au montoir ? « . De par ses paroles, Marguerite confesse que le premier à être rentré dans son lit a été son propre frère. Mais à la différence de beaucoup de rois et époux qui auraient répudié leur femme pour infidélités, Henri de Navarre n’y songea jamais. Dés le début de leur union, d’un accord mutuel, Henri prend des maîtresses et Marguerite des amants, sans que l’un ou l’autre ne soit jaloux. Marguerite l’est néanmoins à quelques reprises, non pas parce que son époux a une favorite mais parce que celle-ci se prend pour la maîtresse dans la maison de Marguerite comme c’est le cas de Françoise de Montmorency-Fosseux, la première à tomber enceinte du Vert-Galant !
Bibliographie
– Henri IV, le passionné, par André Castelot
– Henri IV : les dames du Vert Galant, par Michel de Decker
– La reine libertine : la reine Margot, par Michel de Decker
– Marguerite de Valois , par Éliane Viennot