Les enfants royaux

15.Louis-Joseph, dauphin de France, fils de Louis XVI

Fils aîné de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Louis-Joseph Xavier François naît à Versailles le 22 octobre 1781. La reine a déjà mis au monde une fille en 1778 puis, après une fausse couche en 1779, se retrouve à nouveau enceinte. Le dauphin est baptisé sous les prénoms du frère aîné de Louis XVI, le roi rendant ainsi hommage à la mémoire du duc de Bourgogne, emporté à l’âge de 10 ans. Marie-Antoinette adore ce fils dont toute la cour a tant souhaité la naissance. Un seul semble ne pas se réjouir de l’événement : le comte de Provence, frère du roi qui, en l’absence de dauphin, était l’héritier présomptif du trône. Ses espoirs de devenir roi s’envole avec la naissance de son neveu. Mais en 1784, la santé de Louis-Joseph commence à décliner.  On pense que son inoculation contre la variole y est pour quelque chose, le dauphin s’étant montré affaibli après cette épreuve. Louis-Joseph ne grandira plus et sera constamment souffrant. Cependant, lorsqu’il  rentre dans sa septième année en 1786, il « passe aux hommes » pour recevoir une éducation de futur souverain dans laquelle il met toute son application malgré ses douleurs physiques. Malgré sa maladie, le dauphin se console avec la présence de sa sœur Marie-Thérèse,  qui passe beaucoup de temps avec lui. Le prince montre également beaucoup d’affection pour son petit frère, le duc de Normandie, qu’il prend plaisir à contempler dans son berceau. Louis-Joseph ne se plaint que rarement, se montrant toujours courtois et souriant avec ses parents et son entourage.

le dauphin Louis-Joseph, par Adolf Ulrich Wertmüller
le dauphin Louis-Joseph, par Adolf Ulrich Wertmüller

En 1787, l’état de Louis-Joseph s’empire : les fièvres se succèdent et le dos du dauphin se déforme, si bien qu’il est bientôt bossu. On l’installe alors loin de la cour à Meudon où Marie-Antoinette passe la plus grande partie de son temps à veiller son fils qui se montre toujours tendre.  Au début de l’année 1789, Louis-Joseph perd la flexibilité de ses mains et de ses jambes et doit garder le lit en permanence où il souffre d’un corset, destiné à  redresser sa colonne vertébrale déformée. La tuberculose dont il est atteint le mine chaque jour davantage sous le regard impuissant de la reine, qui a le cœur brisé de voir ainsi son enfant. Les rares sorties du dauphin dans les jardins se font dans un fauteuil roulant. Devant l’état de son fils, la reine est au plus mal. Elle sait que son enfant est condamné. Louis-Joseph expire le 4 juin 1789 peu après minuit. Son décès affecte énormément sa sœur aînée mais anéantit complètement Marie-Antoinette qui s’évanouit à l’annonce de la mort de son fils. Louis XVI, qui visitait son fils chaque jour, est également en proie à un immense chagrin. Aux membres des Etats Généraux qui le pressaient alors de prendre des décisions importants pour l’avenir de la France, le roi répondra : « Il n’y a donc point de père dans cette chambre ? ».  Marie-Antoinette écriera à son frère l’empereur Léopold II :  « La nation n’a pas seulement eu l’air de s’apercevoir de la mort de mon pauvre petit dauphin ». Il est vrai qu’en cette période de troubles politiques, les français se rendent à peine compte de la disparition de l’héritier du trône et ne pensent guère au chagrin que peuvent éprouver le roi et la reine en tant que parents. Le 16 octobre 1793, tandis que Marie-Antoinette montait à l’échafaud, les révolutionnaires profanaient la sépulture de Louis-Joseph.


pour en savoir plus : « Les princes du malheur, le destin tragique des enfants de Louis XVI et de Marie-Antoinette » de Philippe Delorme

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