Versailles : saison 2
Série historique et fictionnelle, créée par Simon Mirren et David Wolstencroft, diffusée en 2017 sur Canal +
La saison 2 de Versailles débute en 1675, cinq ans après la fin de la première saison. Après avoir déjoué le complot de Latréaumont et soumis la noblesse, Louis XIV apparaît comme tout-puissant.
Dans cette deuxième saison, la chronologie n’est, une fois de plus, pas respectée : en effet, après la mort d’Henriette d’Angleterre (en juin 1670), Louis XIV se met en quête d’une nouvelle épouse pour son frère, le duc d’Orléans. Ce dernier est uni à la princesse Palatine, Elisabeth-Charlotte de Bavière, dès 1671… soit quatre ans avant le début de la saison 2.
A l’écran, on voit la marquise de Montespan accoucher de l’enfant du roi, après le mariage du duc d’Orléans. Or, la maîtresse de Louis XIV a donné naissance à son premier bâtard en 1669… bien avant le second mariage de Monsieur. Dans la série, sa grossesse est publique et connue de tous à la cour. En réalité, la marquise tremble que son époux ne lui retire les enfants qu’elle donne au roi, en revendiquant leur paternité. De ce fait, les premières grossesses d’Athénaïs de Montespan sont cachées, les accouchements secrets et les enfants élevés loin de leurs parents, dans l’ombre, par Françoise Scarron, jusqu’à ce que Louis XIV trouve le moyen de les légitimer en 1673, sans que la mère ne soit mentionnée sur leur acte de baptême.
Dans la série, Mme Scarron s’installe à Versailles dès l’accouchement de la marquise de Montespan. Dans la réalité, l’amie d’Athénaïs ne fréquente la cour qu’après la légitimation des bâtards du roi, en décembre 1673.
A l’écran, la fille du roi et de sa favorite décède à Versailles, de la variole, âgée de quelques mois. Or, le premier enfant né des amours de Louis XIV et de Mme de Montespan est décédé loin de la cour, en 1672, à l’âge de 3 ans. La naissance et la courte vie de ce premier enfant ont tellement été entourées de mystères, que les historiens ont même un doute sur le sexe de celui-ci.
Contrairement à ce que met en scène la série, aucun courtisan ne s’est effondré dans la chapelle ou dans les salons de Versailles, victime d’un empoisonnement. Pour les scénaristes, il s’agissait sans doute de montrer à l’écran la peur d’être empoisonné, qui s’empare de tout le monde lorsque l’Affaire des Poisons éclate en 1679.
On voit Philippe d’Orléans se préparer à faire la guerre de Hollande, avant d’en être empêché par Louis XIV. A la fin de la série, le roi autorise cependant son frère à rejoindre les troupes, pour les diriger. Dans la réalité, Monsieur a bien participé à la guerre de Hollande (1672-1678), contre Guillaume d’Orange, et a remporté des victoires, ce dont Louis XIV s’est montré jaloux. Dès lors, plus aucun commandement militaire ne sera confié à Philippe d’Orléans, en dépit de ses qualités et de sa bravoure.
Tandis que Louis XIV est au front, Monsieur se fait passer pour le monarque afin de recevoir, et de conclure un accord, avec un souverain étranger. En réalité, le duc d’Orléans n’a jamais eu de rôle politique et il est impensable qu’il se soit livré à une telle mascarade, soutenu par les ministres du roi et la reine Marie-Thérèse. En l’absence du roi, c’est elle qui a assuré la régence, guidée par le Conseil des ministres.
Profitant de l’absence de Louis XIV, Monsieur et le chevalier de Lorraine organisent une orgie dans les salons du château de Versailles. Si le frère le roi aimait s’amuser, les fêtes extravagantes qu’il pouvait organiser ne se déroulaient pas à la cour, mais en son château de Saint-Cloud. De même, la série met en scène une nièce de Colbert, Isabelle, qui meurt noyée au cours de l’orgie, et qui était jalousée par la marquise de Montespan. Dans la réalité, cette jeune femme n’existe pas. Proche de Mme de Montespan, Jean-Baptiste Colbert mariera l’une de ses filles au neveu de celle-ci et des alliances entre les deux familles se feront également à la génération suivante.
Contrairement à ce que nous montre la série, Louis XIV n’a jamais rencontré Guillaume d’Orange, qu’il désignait comme étant son « ennemi mortel ».
A l’écran, la princesse Palatine tente de se rapprocher du favori de son époux, le chevalier de Lorraine, et parvient à installer une entente cordiale entre eux. En réalité, la seconde duchesse d’Orléans haïssait le mignon de son mari, qui le lui rendait bien. En outre, elle pensait que ce dernier était impliqué dans la mort de la première épouse du duc d’Orléans, et craignait également d’être empoisonnée.
La marquise de Montespan participe à une messe noire, avec sacrifice d’enfant, pour espérer recouvrer l’amour du roi. S’il y a de sérieux doutes quant à la culpabilité de la favorite de Louis XIV, aucune preuve ne peut confirmer qu’elle ait été jusque là pour conserver sa place à la cour.
La série met en scène l’arrestation, suivie de l’interrogatoire et de la mort de l’abbé Guibourg. En réalité, celui-ci n’est pas mort sous la torture. Il échappa également à la peine capitale, ayant cité le nom de Mme de Montespan. En effet, Louis XIV voulant éviter que la mère de ses enfants ne soit éclaboussée par le scandale, toutes les personnes qui prononcèrent le nom de la marquise lors des interrogatoire furent condamnées à la prison à vie. Etienne Guibourg mourra en 1686.
Catherine Monvoisin – dite « La Voisin » – célèbre empoisonneuse, est présente de la série mais sous l’identité fictive de « Madame Agathe ». Celle-ci n’ayant pas évoqué le nom de Mme de Montespan, elle fut condamnée au bûcher pour sorcellerie, empoisonnement et infanticide (La Voisin s’était vantée d’avoir enterré dans son jardin plus de 2500 enfants nés avant terme, suite à des avortements).
Dans la série, La Voisin/Mme Agathe, meurt sur le bûcher en présence de la famille royale. En réalité, le roi et les siens n’assistaient pas aux exécutions. La Voisin fut brûlée en place de Grève, le 22 février 1680.