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Marie de Clèves, l’amour impossible d’Henri III

Marie naît en 1553, à Paris. Elle est le cinquième et dernier enfant de François de Clèves, duc de Nevers, et de Marguerite de Bourbon-Vendôme. François de Clèves est gouverneur ainsi que lieutenant-général du roi, et participera à la répression de la conjuration d’Amboise, en 1560. La mère de Marie, Marguerite, elle est la sœur d’Antoine de Bourbon, père du futur Henri IV, qui naît lui-aussi en 1553. 

En 1559, Marie de Clèves perd sa mère, puis son père, en 1562. L’enfant est alors élevée par sa lointaine parente, Jeanne d’Albret, qui est également l’épouse de son oncle, Antoine de Bourbon. A la mort prématurée de son frère aîné, Jacques de Clèves, qui disparaît sans enfant en 1564, Marie hérite du marquisat d’Isle. En 1571, la jeune femme devient dame d’honneur de la reine d’Elisabeth d’Autriche.  Lorsqu’elle vient à la cour pour la première fois, elle a tout juste 18 ans. Par sa beauté et sa gentillesse, elle se fait très rapidement remarquer par le jeune frère du roi Charles IX, Henri de Valois, duc d’Anjou. La jeune femme se laisse alors courtiser par le prince, bien plus séduisant que le fiancé que lui a choisi Catherine de Médicis : son cousin Henri Ier Bourbon, prince de Condé, un homme petit et bien laid.

Marie de Clèves, par François Clouet (1570)
Marie de Clèves, par François Clouet (1570)

Auprès de Marie de Clèves, Henri de Valois découvre le véritable amour. Ce qu’il vit avec la jeune marquise n’est en rien comparable avec ses aventures d’intérêt purement sexuel avec Louise du Rouet ou Renée de Châteauneuf, qui font partie des filles d’honneur de Catherine de Médicis. Fou amoureux de Marie,  le duc d’Anjou décide d’empêcher son mariage avec le prince de Condé et lui jure de l’épouser. Mais Catherine de Médicis refuse que son fils préféré s’unisse avec Marie, souhaitant pour lui une alliance prestigieuse avec une princesse étrangère. Marie de Clèves épouse donc Henri de Bourbon en juin 1572. Suite au massacre de la Saint-Barthelemy, le 24 aout, le prince de Condé et son épouse, de religion protestante, sont obligés de se convertir à la foi catholique. 

En dépit du mariage de Marie, le duc d’Anjou continue de la voir, lors de rendez-vous secrets chez la duchesse de Nevers, Henriette de Clèves, sœur aînée de Marie. Pour éviter les soupçons du prince de Condé, Henri de Valois affiche publiquement sa liaison avec Renée de Châteauneuf. 

Elu roi de Pologne en mai 1573, le duc d’Anjou quitte la France en décembre, pour se rendre à Cracovie. Il n’a pas, pour autant, renoncé à Marie de Clèves, continuant à lui écrire. Henri de Valois correspond également avec  les  sœurs de la princesse de Condé : dans ses lettres, il soutient qu’elle est – et restera – sa grande passion amoureuse, indiquant : « Je l’aime tant ».

Marie de Clèves, par François Clouet (1571)
Marie de Clèves, par François Clouet (1571)

Lorsque Charles IX décède prématurément, sans laisser de fils légitime, en mai 1574, Henri de Valois s’enfuit de Pologne, pour s’asseoir sur le trône de France. Il espère faire annuler par le pape le mariage de Marie de Clèves car l’époux de celle-ci, Henri de Bourbon, est impliqué dans une conspiration et a dû s’exiler en Allemagne, après s’être nouveau déclaré protestant. La princesse de Condé ne l’a pas suivi et espère, elle-aussi, voir son union cassée. Encore une fois, Catherine de Médicis  met son veto, d’autant que le mariage de Marie  ne peut être dissout pour non-consommation : avant de s’enfuir, Henri de Bourbon a mis son épouse enceinte. 

Alors que le duc d’Anjou est à Lyon, la princesse de Condé accouche, le 30 octobre, d’une fille prénommée Catherine, en l’honneur de la reine-mère. Hélas, Marie meurt lors de l’accouchement, à l’âge de 21 ans. Lorsqu’ Henri  de Valois apprend la mort de celle qu’il aime par une simple lettre, il reste au lit trois jours, victime de fortes fièvres. Une fois rétabli, il sombre dans une profonde dépression et  va jusqu’à faire coudre des petites têtes de mort sur ses vêtements, pour signifier à tous le drame qu’est pour lui la perte de Marie de Clèves.

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