Idées de lecture

Femmes combattantes : Sept héroïnes de notre Histoire

Je vous propose de découvrir l’ouvrage de Marie-Laure Buisson, « Femmes combattantes », paru aux éditions Les Presses de la Cité en février 2022 : 

Elles ont brillé par leur courage, leur obstination. Elles ont quitté leur famille pour vivre l’enfer de la guerre, côtoyant sans cesse le danger et s’exposant à la mort pour défendre leurs convictions.

Dans son ouvrage « Femmes combattantes », Marie-Laure Buisson nous dévoile le destin hors du commun de sept héroïnes du XXe et du XXIe siècle, qui sont pourtant restées dans l’ombre, en dépit de leurs prouesses, et parfois de leurs sacrifices. Nées dans une famille ouvrière, bourgeoise, ou issues de l’aristocratie, elles ont en commun de ne pas avoir suivi un destin tracé d’avance par leur famille ou leur condition sociale. Ces femmes ont besoin d’une vie d’aventures, de se sentir utiles au service d’une juste cause, même si cela implique d’abandonner les leurs, de changer d’identité, et d’être en première ligne, face à l’ennemi. Elles savent qu’au plus fort des conflits armés, la survie du groupe prime sur celui de l’individu. Elles ont conscience que leurs missions ne sont pas sans risque : tout peut basculer au moindre instant, à la plus petite faute. Elles ont intégré l’idée qu’il vaut mieux mettre fin à ses jours plutôt que de tomber aux mains de l’ennemi, qui tenterait alors de leur arracher des informations, par tous les moyens.

Toutes n’ont pas les mêmes domaines de prédilection : Lydia est pilote, Hannah est agent secret dans la résistance, Jihane prend les armes contre Daesh. Dans des conditions de vie très difficiles, ces femmes sont une lumière pour les autres combattants. Car si elles intègrent des milieux très masculins, nos héroïnes n’ont rien perdu de leur féminité, de leur douceur, de leur joie de vivre. Leurs sourires, leurs mots, réconfortent leurs « frères d’armes », les blessés, les nouvelles recrues… 

Pourquoi ces héroïnes de guerre sont-elles oubliées par l’Histoire ? Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, la Femme peine encore à s’émanciper et le monde militaire est majoritairement masculin. Aussi, comment admettre qu’une jeune fille comme Lydia Litviak ait pu devenir « la terreur des nazis » ? Les exploits féminins sont alors dissimulés, minimisés, pour mettre à l’honneur des hommes valeureux, à la réputation impeccable. L’exemple de Susan Travers a de quoi faire réfléchir : infirmière lors de la Seconde Guerre Mondiale, elle sauve la vie de plusieurs hommes grâce à son courage et sa ténacité. Mais, à la fin du conflit, presque tous les documents et photographies de la jeune femme sont détruits, parce qu’elle a été la maîtresse d’un Général marié… il ne faudrait pas entacher l’image d’un héros de guerre, proche de De Gaulle.

L’auteure fait sortir de l’ombre des femmes qui sont se rendues indispensables, par leurs talents et leur détermination. Elles n’ont jamais attendu de récompense ou de rétribution… la cause qu’elles servaient – la liberté – était plus grande. Certaines de nos héroïnes sont revenues chez elles, ont pu témoigner des décennies après les faits. D’autres ne sont jamais rentrées… Quant aux combattantes du XXIe siècle, elles opèrent sous couvertures et noms d’emprunts.

A travers ce livre, Marie-Laure Buisson rend hommage à ces femmes, décédées ou non, qui ont contribué à écrire une page de l’Histoire. La lecture est agréable, le style proche du roman historique : le lecteur pénètre dans l’intimité et dans la tête de ces héroïnes pour mieux comprendre les peurs, les doutes, les choix déterminants et les sacrifices auxquels elles ont été confrontées.