Idées de lecture

La dynastie capétienne (VIIIe-XXIe siècle) : la descendance légitime

Monsieur Thierry Le Hête m’a contactée récemment, dans le cadre de ses recherches au sujet des descendants illégitimes de Louis XV, pour l’écriture de son prochain livre. A cette occasion, mon intérêt s’est porté sur le premier volume paru en 2018, « La dynastie capétienne (VIIIe-XXIe siècle) : la descendance légitime », que je vous propose de découvrir aujourd’hui : 

Si internet fourmille de généalogies en ligne concernant les Capétiens, il n’était pas chose aisée de proposer des tableaux complets, reprenant l’ensemble de la descendance légitime de la dynastie capétienne, sans que l’on ne s’y perde. En effet, l’ouvrage de Thierry Le Hête n’oublie aucun des enfants nés au sein de cette famille, y compris ceux qui n’ont pas survécu à la période de la petite enfance, ou qui n’ont pas contracté d’alliance. Mais c’est en ayant sous les yeux cette généalogie détaillée que l’on se rend compte de la grandeur de cette famille, qui a des espérances pour chacun de ses membres : une union matrimoniale avantageuse, ou un poste clef au sein de l’Église ou de l’armée, servant, à chaque fois, les intérêts de la famille. En cas de décès d’un enfant, on se repliera sur le suivant, d’où la nécessité d’avoir une nombreuse descendance pour lutter contre la forte mortalité infantile, omniprésente durant plusieurs siècles. De plus, avoir une grande progéniture est souvent synonyme de puissance. Or, les Capétiens n’ont pas toujours été assis sur le trône de France et les premiers rois de la dynastie doivent se montrer sans faiblesse… tout en prenant la précaution de faire sacrer leurs fils aînés de leur vivant, afin de s’assurer qu’ils héritent de la couronne après eux.

Avec l’adoption de la loi salique, les filles se voient exclues de la succession au trône de France, lorsque les fils viennent à manquer, au XIVe siècle. Ce sont alors des branches cadettes qui revendiquent la couronne, non sans mal. On voit ainsi les Valois, puis les Bourbons, succéder aux Capétiens « directs ». Les nombreux tableaux généalogiques de cet ouvrage, fort bien construits, permettent de mieux comprendre le degré de parenté, parfois fort éloigné, qui lie le dernier roi de sa branche et le cousin qui va lui succéder.

Tableau généalogique extrait de l'ouvrage : celui des Bourbons-Orléans
Tableau généalogique extrait de l’ouvrage : celui des Bourbons-Orléans

Mais le changement de branche, bien qu’il intervienne au sein d’une même dynastie, ne se fait pas sans difficultés, et le nouveau roi cherche toujours à s’inscrire dans la continuité de son prédécesseur. Aussi, certains monarques ont déjà joué la « sécurité » en s’unissant à une femme appartenant à la branche du roi en place. A travers les divers tableaux généalogiques, on comprend le génie qu’ont eu certains pères ou frères, en unissant leur fille ou sœur au prochain roi de France : François Ier, premier roi de Valois-Angoulême, s’est vu marié à la princesse Claude, fille aînée de son cousin Louis XII. François était pourtant, d’après la loi salique, l’héritier légitime de Louis XII mais, pour que sa montée sur le trône ne soit pas contestée, il lui fallait l’appui du roi règnant… lequel réussit ainsi à transmettre, d’une manière détournée, le trône de France à sa fille. Catherine de Médicis, mère des trois derniers rois Valois, unit sa fille Marguerite de Navarre à son cousin, le roi de Navarre Henri de Bourbon (futur Henri IV). Celui-ci descend des Capétiens directs par son père (il faut tout de même remonter à Louis IX) mais est également un petit-neveu de François Ier, par sa mère. Au XIIIe siècle, le futur Philippe VI (premier roi de la branche Valois) a convolé avec Jeanne de Bourgogne, petite-fille de Louis IX par sa mère. Ainsi, il apparaît clairement qu’en dépit de la loi salique, les femmes de la famille sont convoitées et qu’une princesse capétienne renforce la légitimité de son époux, si celui-ci accède au trône en tant que cousin mâle le plus proche du roi qui vient de disparaître, lorsque ce dernier n’a laissé ni fils ni frère pour lui succéder.

Mais, si les femmes sont écartées de la succession au trône, cela ne les empêche pas fonder une famille, et de perpétuer leur lignée. Ainsi, Jeanne de France, fille de Louis X, hérite du royaume de Navarre (pour compenser son évincement du trône de France)… qui reviendra un jour à son descendant, Henri IV de Bourbon ! D’autres femmes de la dynastie capétienne sont liées à des familles aristocratiques, moins proches du pouvoir royal, ce qui fait que leur descendance, lorsqu’elle ne s’est pas éteinte, est tombée dans un quasi anonymat. Grâce aux recherches de l’auteur, nous retrouvons les membres actuels de ces branches, ce qui permet de mieux les situer dans la généalogie capétienne. Car si, des rois Capétiens ont recherché, parmi leurs ancêtres, un membre de la dynastie des Carolingiens ou des Mérovingiens, de nombreux comtes ou ducs revendiquent aujourd’hui leur appartenance à la dynastie capétienne. 

Description du blason des rois des Deux-Siciles, tiré de l'ouvrage
Description du blason des rois des Deux-Siciles, tiré de l’ouvrage

Si les Capétiens comptent une nombreuse descendance en France, celle-ci s’étend au-delà de nos frontières : le roi d’Espagne Felipe VI a pour ancêtre direct Louis XIV (branche des Bourbons). De ce fait, les Capétiens règnent sur l’Espagne depuis le XVIIIe siècle. Mais on retrouve également des membres de cette illustre dynastie chez les souverains de Naples ou des Deux-Siciles…. Autant de tableaux généalogiques à découvrir au fil des pages, agrémentés d’explications et des blasons, signe d’appartenance et de fierté, qu’aborde chacune des multiples branches de la dynastie capétienne.

Enfin, si les Capétiens règnent depuis Hugues Capet, qui ceint la couronne en 987 (soit à la fin du Xe siècle), Thierry Le Hête débute ses généalogies dès le VIIIe siècle, afin de nous faire découvrir les ancêtres des Capétiens, les Robertiens : gravitant autour des rois de la dynastie précédente – les Carolingiens – ils sont donc très proches du pouvoir. Deux d’autres eux parviennent à se faire élire, profitant de périodes troubles : Eudes Ier (888-898) et son frère Robert (922-923)… le grand-père d’Hugues Capet ! A la mort de Robert Ier, son beau-fils Raoul profitera de la notoriété des Robertiens pour être couronné roi à son tour… avant que les Carolingiens ne reprennent le pouvoir. Hugues Capet n’est donc pas un inconnu lorsqu’il est choisi pour roi : il bénéficie de nombreux soutiens, grâce au prestige et au poids politique de ses ascendants, qui ont déjà marqué l’Histoire de France.

L’ouvrage qui vous est ici présenté est disponible au prix de 39€, sur la boutique du site Geneanet.org (lien ci-joint)

Le tome II de « La dynastie capétienne », consacré à la descendance naturelle, paraîtra à l’automne 2024. 

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