Favorites Royales

Les petites maîtresses d’Henri IV

Henri IV n’est pas surnommé le « Vert Galant » pour rien. Outre ses maîtresses officielles, le roi vit également de petites amourettes plus ou moins courtes. L’une de ses premières maîtresses connues se prénomme Charlotte de Beaune-Semblançay.  Fille du vicomte de Tours, Jacques de Beaune, et de Gabrielle de Sade, elle naît le 26 octobre 1551. Charlotte devient baronne de Sauve lorsqu’elle épouse, en 1567, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Simon de Fizes. A la mort de son père en 1579, elle deviendra également vicomtesse de Tours.  Dame d’honneur  de Catherine de Médicis dès 1569, Charlotte de Sauve fait partie de « l’escadron volant »  de la reine : elle prend pour amants des princes de la cour, afin d’ espionner ces derniers sur ordre de Catherine de Médicis, recueillir des informations et s’assurer de leur loyauté envers le roi de France. Charlotte est la maîtresse épisodique d’Henri de Bourbon  – alors roi de Navarre – de 1572 à 1577. La jeune femme entretient également une liaison avec le frère cadet d’Henri III, le duc d’Alençon, ainsi qu’avec le prince Henri de Guise. Ce dernier est d’ailleurs assassiné le 23 décembre 1588 au château de Blois,  après avoir passé la nuit avec Charlotte. La légende raconte que Madame de Sauve fut également exécutée avec son amant cette nuit là. Il n’en est rien.  Veuve en 1579, Charlotte se remarie en 1584 avec le marquis de Noirmoutier, François de la Trémoïlle, à qui elle donne un fils en 1586. Après la mort d’Henri de Guise, Charlotte se fait plus discrète. Elle rejoint le service de la reine Louise de Lorraine en 1585. Madame de Sauve décède le 30 septembre 1617, dans sa soixante-sixième année.

Charlotte de Beaune, par Pierre Dumonstier (vers 1574)
Charlotte de Beaune, par Pierre Dumonstier (vers 1574)

Alors qu’il n’est encore que roi de Navarre, Henri s’éprend de Françoise de Montmorency-Fosseux, dite la « belle Fosseuse ». Fille du marquis de Thury, Pierre de Montmorency, et de Jacqueline d’Avaugour, Françoise naît en 1566. Elle a tout juste 13 ans lorsqu’elle devient fille d’honneur de la reine Marguerite de Valois en 1579. Cette même année, la jeune fille entre dans le lit du roi de Navarre. Celui-ci est très attaché à la jeune Françoise, souffrant de son mariage arrangé avec la fille de Catherine de Médicis.  Sa jeune maîtresse tombe rapidement enceinte, ce qui provoque la colère de la reine de Navarre. Celle-ci s’arrange pour que la naissance ait lieu le plus discrètement possible. Françoise accouche d’une fille, hélas mort-née, en 1581 puis est chassée par l’épouse de son amant en 1582.  En 1596 Charlotte épouse le baron de Cinq-Mars-la-Pile, François de Broc,  a qui elle donnera huit enfants. La belle Fosseuse s’éteint le 6 décembre 1641.

Françoise de Montmorency, dite "La belle Fosseuse", par François Quesnel (XVe siècle)
Françoise de Montmorency, dite « La belle Fosseuse », par François Quesnel (XVe siècle)

Alors qu’Henri a pour favorite Diane d’Andouins, il lui fait une infidélité  -une parmi tant d’autres ! – en contant fleurette à une jeune rochelaise nommée Esther Imbert (ou Ysambert) à la fin de l’année 1586. Née en décembre 1570, elle est la fille du bourgeois  et avocat de La Rochelle Jacques Imbert, sieur de Boislambert. La jeune fille n’a pas encore 17 ans quand elle est remarqué par le roi de Navarre, qui en fait sa maîtresse.  Esther se retrouve rapidement enceinte et accouche d’un garçon, en août 1587, que le roi fait prénommer Gédéon. A l’occasion de cette naissance, la jeune mère reçoit une forte somme d’argent de la part de son royal amant, afin d’entretenir sa maison et leur fils. Hélas, l’enfant décède en novembre 1588. Il  avait reçu la qualité de bâtard royal par son père qui se montre « fort affiché de la perte de son petit », comme il l’écrit à sa maîtresse Diane d’Andouins. Après la mort de son fils, Esther Imbert reçoit 600 écus par année.  En 1592, Esther se présente à Saint-Denis pour voir le roi. Vivant misérablement, elle espère que son ancien amant viendra à son secours. Mais Henri IV, alors fou de Gabrielle d’Estrées, refuse de la recevoir et d’entendre parler d’elle. Esther Imbert meurt dans la pauvreté, en 1693  à Saint-Denis et son corps est déposé dans une fosse commune.


Jacqueline de Bueil, comtesse de Moret (par l'Ecole française du XVIIe siècle)
Jacqueline de Bueil, comtesse de Moret (par l’Ecole française du XVIIe siècle)

Vers l’année 1604, Henri IV entame une relation amoureuse très discrète avec Jacqueline de Bueil. Née en 1588, elle est la fille du baron de Claude Bueil, seigneur de Courcillon et de La Marchère, et de Catherine de Montecler. Son père  est un compagnon d’armes du roi de Navarre. Séduit par sa beauté, Henri IV marie la jeune Jacqueline avec  Philippe de Harlay de Champvallon, seigneur de Césy, en octobre 1604 . L’époux complaisant est ensuite éloigné, laissant la place libre pour le roi. Le 1er janvier 1605, Jacqueline reçoit le titre de comtesse de Moret. La jeune femme donne un fils au roi en 1607,  prénommé Antoine (1632), qui est légitimé en 1608.  C’est à cette époque que le mariage de la comtesse de Moret est dissout . Henri IV découvre peu après que sa maîtresse a une liaison avec le prince de Joinville et se sépare de Jacqueline. En 1617, la comtesse de Moret épouse le marquis de Vardes, René Crespin du Bec, à qui elle donnera deux fils. Elle s’éteint en octobre 1651 et repose en la chapelle Notre-Dame de la Pitié, à Moret sur Loing. 

Charlotte des Essarts, comtesse de Romorantin (anonyme, XVIIe siècle)
Charlotte des Essarts, comtesse de Romorantin (anonyme, XVIIe siècle)

 En mars 1607, Henri IV s’est déjà consolé du départ de Jacqueline avec la jolie Charlotte. Née vers 1585, elle est la fille d’un lieutenant du roi, François des Essarts, et de Charlotte de Harlay. La jeune fille reçoit de multiples présents de la part de son amant et lui donne deux filles : Jeanne Baptiste (1608-1670) et Marie Henriette (1609-1629), qui seront toutes les deux religieuses. Légitimées par Henri IV, elles porteront le nom de « Bourbon ». L’aînée sera abbesse de Fontevraud ; la seconde sera abbesse de Chelles avant de mourir prématurément (peut-être empoisonnée, si on se réfère aux manuscrits de l’abbaye de Chelles). En 1610, Charlotte est faite comtesse de Romorantin.  Le roi finit par découvrir que sa maîtresse a déjà eu de nombreux d’amants avant lui et qu’elle entretient encore de multiples liaisons. Après avoir mis la main sur des lettres enflammées de Charlotte à ses anciens galants, Henri IV la fait mettre au couvent d’où elle s’échappe. En 1611, Charlotte des Essarts épouse secrètement Louis de Lorraine, archevêque-duc de Reims, dont elle aura six enfants. Veuve en 1621, elle se remarie en 1630 avec le duc de Rosnay, François de L’ Hôpital. Charlotte des Essarts décède à Paris, le 8 juillet 1651.

Bibliographie : 

– Favorites et dames de cœur, par Pascal Arnoux
– Henri IV le passionné, par André Castelot
– Henri IV : les dames du Vert Galant, par Michel de Decker

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