Historia

Et si…

« Avec des Si, on referait le monde »… c’est pourtant ce à quoi le magazine Historia vous invite, dans ce double numéro : Et si l’Histoire s’était écrite autrement ?

L’écrivain Stephen King s’y est déjà essayé avec son roman 22/11/63 : son héros voyage dans le passé afin d’empêcher l’assassinat du président Kennedy. En y parvenant, il change ainsi le cours de l’Histoire mais se retrouve, à son époque, dans un monde différent, où règnent le chaos et la violence…

Les historiens sollicités pour cet exercice reviennent sur un instant de l’Histoire où tout aurait pu basculer. Imaginez Vercingétorix vainqueur à Alésia, la célèbre bataille à la fin de laquelle il dû déposer les armes devant Jules César… En mai 1429, Jeanne d’Arc est blessée durant le siège d’Orléans, par une flèche, en pleine poitrine. Que se serait-il passé si la Pucelle, dernier espoir du Dauphin Charles, était morte ce jour-là ? Comment la machine révolutionnaire aurait-elle évolué si Robespierre avait connu le même sort que Marat, assassiné ? On a souvent attribué la défaite de Napoléon à Waterloo à l’absence du maréchal Grouchy, homme de confiance et grand stratège militaire de l’empereur. Imaginez maintenant l’armée du maréchal surgir et écraser les anglais ce 18 juin 1815, contribuant ainsi à la victoire de Napoléon Ier, et changeant l’Histoire de France…

Il suffit souvent d’un rien pour que l’Histoire s’écrive autrement. Une décision, un acte, qui intervient à un moment critique, scelle le sort d’un homme, d’une armée, d’un pays… ou même du monde. Une trahison, un absent, un assassinat qui réussit – ou qui échoue – peut ainsi avoir de lourdes conséquences sur l’Histoire.

Si toutes les hypothèses évoquées dans ce numéro ne sont que fictions, fruits du résonnement des spécialistes, la pratique de « l’Histoire alternative » n’est pas nouvelle : depuis l’Antiquité, des historiens, des penseurs et des philosophes se sont frottés à cet exercice de réécriture de l’Histoire, à partir de suppositions. Ainsi, au Ier siècle avant J-C, Tite-Live s’interroge déjà sur ce qu’aurait pu être la puissance romaine si Alexandre le Grand avait conquis l’Italie. Le Premier ministre britannique, Winston Churchill, imaginera les conséquences qu’auraient engendrées une défaite du général Lee lors de la bataille de  Gettysburg, en 1863. Plus récemment, l’historienne Mona Ozouf revenait sur les quinze minutes qui avaient manqué à Louis XVI, pour que la fuite de la famille royale ne se soit pas arrêtée à Varennes. L’Histoire de la  Révolution Française aurait alors été toute autre…

Un numéro passionnant, où on se prend à imaginer notre Histoire différemment, et qui nous rappelle que rien n’est jamais écrit à l’avance. Il suffit d’un mot, d’un geste, pour que l’Histoire bascule… pour le meilleur ou pour le pire.

mensuel N° 883 / juillet-août 2020 (n° double 883 et 884)