Historia

Mercenaires : De l’Antiquité au groupe Wagner

Avec la guerre en Ukraine, la figure du mercenaire se rappelle à nous, notamment avec le groupe « Wagner », une organisation paramilitaire qui agit pour le compte de la Russie, mais également pour ses propres intérêts. Le magazine Historia remonte le temps et le parcours des mercenaires, qui existent depuis l’Antiquité.

Considérés comme des hommes sanguinaires, les mercenaires participent régulièrement aux conflits armés. Ils ne sont poussés, bien souvent, qu’à servir une grande puissance, que parce qu’ils seront richement rémunérés. Ces hommes viennent compléter ou renforcer l’armée, de manière officieuse. Leur récompense doit être à la hauteur des risques qu’ils encourent lors des affrontements. L’argent est donc la principale motivation de ces « va-t-en-guerre », qui s’exposent au danger, poussés par la misère et l’ambition. Dès lors, les morts issus de ces milices privées ne font jamais partie des bilans de pertes humaines… C’est là le prix à payer pour ces soldats de l’ombre.

Par ailleurs, l’Histoire des guerres est marquée par des retournements de situation, lorsque les mercenaires, passent dans le camps ennemi, car celui-ci s’engage à les payer plus grassement que leur premier « employeur ». Découvrez divers exemples de situations où ces hommes, formés pour tuer, négocient leur récompense ou se révoltent contre celui qui les engagés. Il arrive également que certains de ces soldats s’enfuient lors d’une bataille qui tourne en faveur de l’ennemi, car les mercenaires ne sont pas toujours compétents… De par ces comportements, les armées de mercenaires sont jugées peu fiables, « vaillantes au milieu des amis, lâches au milieu des ennemis ».

Parmi ces mercenaires, certains se dégagent par leur charisme, leur ambition et leur talent sur le terrain. Dès lors, ils se forgent une réputation et aspirent à faire fortune. Il s’agit souvent d’hommes qui ont été formés à l’art de la guerre et qui savent manier l’épée. Au XVe siècle, le parcours de Francesco Sforza est l’exemple même du mercenaire qui a réussi une brillante ascension : engagé par le duc de Milan, cet aventurier – fils de paysan – fait merveille face à l’ennemi. Pour le « fidéliser », son employeur lui fait épouser sa fille unique… c’est ainsi que Francesco Sforza devient duc de Milan à la mort de son beau-père !

C’est également au XVe siècle que le roi de France Louis XI décide d’engager des montagnards suisses, après qu’ils aient montré leur efficacité face aux armées bourguignonnes de Charles le Téméraire. Impressionné par les tactiques de combat de ces hommes, mais également par leur fidélité à toute épreuve, Louis XI fonde la garde des Cent-Suisse, en charge de la protection du roi. Ces hommes sont toujours actifs sous le règne des Bourbon, au XVIIIe siècle. Ils paieront de leur vie leur fidélité à la monarchie, en tenant de protéger la famille royale pendant la Révolution : le « massacre des Tuileries » de 1792 illustre la bravoure des Suisses, prêts à se sacrifier.

Au XXe siècle, on retrouve cet esprit idéaliste chez des pilotes américains, volontaires pour intégrer l’armée chinoise. Nous sommes en 1941 et les États-Unis, bien qu’officiellement neutres dans la guerre sino-japonaise, envoient une unité dans le Pacifique. Entraînés et motivés, ces pilotes prennent vite le dessus sur l’aviation japonaise.

Mais la plupart des mercenaires du XXIe ne sont motivés que par le profit et l’Afrique devient vite une « réserve » de soldats, plus ou moins préparés au combat et vendus au plus offrant. On retrouve ces hommes dans les conflits armées en Afghanistan, en Irak, et – plus récemment  – en Ukraine…

mensuel N° 918 / juin 2023