Historia

Guerre d’Algérie : paroles de soldats

Ce mois-ci, le magazine Historia revient sur la guerre d’Algérie et donne la parole aux soldats qui se sont retrouvés, bien malgré eux, au coeur de ce conflit qu’ils ne comprenaient pas forcément. 

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La plupart sont jeunes. Certains viennent de terminer leur service militaire, d’autres ne l’ont pas encore commencé. Pour les premiers, qui pensaient rentrer chez eux, c’est la désillusion : on les envoie en Algérie, les besoins de l’armée ne cessant d’augmenter. Les seconds effectueront leurs classes directement sur le terrain. Avant ce conflit le service militaire  est vécu comme un passage vers l’âge adulte. Au cours de celui-ci, les hommes sont plein de projets : parfois déjà fiancés, ils pensent à fonder une famille, à leur avenir professionnel. La nature même du service militaire évolue avec le déclenchement de la guerre d’Algérie : désormais les hommes, jeunes et sans expérience, n’aspirent qu’à pouvoir rejoindre leur famille sain et sauf, espèrent une permission afin de pouvoir fuir, temporairement, les horreurs de cette guerre. 

Traumatisés par ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont vécu en Algérie, certains soldats publieront, plusieurs décennies après les faits, leurs lettres à leurs proches, ou leurs témoignages. Quoi de mieux que ces « paroles de soldats » pour comprendre une guerre qualifiée de « sans nom » ? Dans les écrits de ces hommes, contraints de participer à cette « guerre fratricide », on ressent la peur, l’angoisse, l’incompréhension. L’arrivée en Algérie est un choc car les conditions de vie de son peuple n’ont rien à voir avec celles des européens. La terre est aride, les villages très pauvres, et les enfants mendient pour nourrir leur famille. Dès lors, les soldats s’interrogent sur le bien-fondé de la guerre. Certains ont peur de donner la mort en se servant de leur arme. D’autres se révoltent par petits groupes contre leur hiérarchie. Car la guerre d’Algérie n’est pas exempt d’atrocités, que l’on tente d’étouffer  : viols, tortures, executions…Un instituteur, envoyé en Algérie en 1960, témoigne : « La poursuite de cette guerre par la France va à l’encontre de droits universels, comme celui des peuples à disposer d’eux mêmes ». 

Si la guerre d’Algérie n’a pas touché le peuple français autant que les Première et Seconde Guerres Mondiales (parce qu’elle se déroule à l’extérieur de la métropole), les civils qui en reviennent sont autant chamboulés que leurs aînés. La plupart se sont tus pour oublier. Heureusement, les écrits restent. Emouvants et authentiques, ceux-ci permettent au lecteur de plonger dans le quotidien de ces soldats, nullement préparés à l’expérience que la France du Général de Gaulle leur a imposée. 

mensuel N°856 / avril 2018

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