Historia

La France des 100 tribus gauloises

Le magazine Historia nous emmène sur les traces de « nos ancêtres les Gaulois », afin des démêler les idées préconçues à leur sujet de la réalité, grâce à l’archéologie et à l’historiographie.

Pour renforcer l’unité nationale face aux prussiens – et nourrir le sentiment de revanche vis-à-vis de l’ennemi – la France du XIXe siècle enseigne aux jeunes générations le « mythe » de la Gaule et des Gaulois. Ainsi, nous descendons de ces fiers guerriers qui s’opposaient à la puissance de Rome et qui s’unissaient derrière un seul chef : Vercingétorix. Mais bien avant les nationalistes français du XIXe, Jules César lui-même désigne, dans sa « Guerre des Gaules », les gaulois comme un peuple uni qu’il a dû combattre. L’homme fort de Rome retranscrit-il la réalité historique, ou sert-il sa propre politique, en voulant s’imposer comme le vainqueur d’un immense pays et d’une grande nation ?

Il semble pourtant que les gaulois étaient loin de former un seul bloc et qu’ils se composaient au contraire d’une centaine de peuples, dont se dégageaient surtout les Belges, les Aquitains et les Celtes. Cette « mosaïque » de tribus a laissé son empreinte à travers nos régions, dessinant les paysages de la France et influençant les noms de nos villes actuelles (jusqu’à Paris, dont le nom vient de ses habitants de l’époque, les Parisii)

Si les clichés nous représentent les Gaulois comme un peuple incontrôlable, presque « barbare », les historiens et archéologues ont récemment découvert que ces multiples tribus sont, en réalité, structurées. Les Gaulois ont vite compris que leur territoire était riche en ressources : ses nombreux fleuves et le climat tempéré en font un « pays béni des Dieux », où la terre peut être exploitée et le commerce se développer. Explorez les grands axes créés par nos ancêtres pour faire circuler les marchandises, et les traces de leur passage qui sont encore visibles dans des villes portuaires telle que Marseille.

Les recherches archéologiques ont également mis à jour des sanctuaires et des sépultures qui viennent remettre en cause les idées véhiculées sous la IIIe République, selon lesquelles nos ancêtres vivaient dans des cabanes. Loin d’être des barbares, les Gaulois nouent des relations avec les Grecs pour leurs échanges commerciaux et adoptent certaines de leurs coutumes et dialectes pour faciliter les interactions.

Chaque tribu garde néanmoins son lot de particularités qui la différencie des autres. Ce sont les druides qui parviennent à inculquer aux Gaulois le sentiment d’appartenir à une même communauté : au-delà des langues et des traditions, différentes selon les peuples, c’est autour des mêmes divinités et d’un culte commun que les Gaulois vont se fédérer. Percez les secrets de ces hommes sages « justes et savants » qui vont faire émerger une véritable civilisation en posant les bases d’une justice et d’une politique communes à tous les peuples de « la Gaule ».

Si les livres d’Histoire évoquent très peu les Gauloises, celles-ci ont pourtant un rôle clef au sein de leur famille et de leur tribu. Découvrez la place importante qu’occupe la femme dans la société gauloise, entre gestion des finances et médiatrice lors des conflits, quand elle ne joue pas les diplomates avec la cité voisine pour créer de nouvelles alliances. 

Au fil des pages, la civilisation gauloise nous apparaît comme plus riche et organisée que ce que les historiens du XIXe siècle ont bien voulu nous faire croire. Sa compréhension met aujourd’hui en évidence la pluralité de nos racines. Un voyage dans le temps, à la rencontre de nos ancêtres, qui permet de revoir notre copie à leur sujet… car la légende des Gaulois aux cheveux longs et casques à ailes, bâtie sous Jules Ferry, semble encore bien ancrée !

mensuel N°890 / février 2021

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