Historia

Atlas : Les terres oubliées de l’empire français

Le magazine Historia consacre son mensuel aux terres souvent méconnues de nos contemporains, qui ont fait, un jour, partie de l’empire français. Aujourd’hui oubliées, elles ont pourtant été un atout pour la France, grâce à leur position stratégique/défensive et leurs ressources naturelles.

Grâce à ses nombreuses possessions à travers le globe, la France possède le deuxième domaine maritime au monde et est présente sur toutes les mers, ce qui conforte son économie et son pouvoir d’attraction touristique. Seuls le Royaume-Unis et les États-Unis disposent d’un tel atout. Mais les territoires français pourraient être, aujourd’hui, bien plus nombreux si les terres conquises n’avaient pas été perdues, cédées ou même laissées à l’abandon.

A l’issue de la guerre de Sept Ans, et la signature du traité de Paris (1763), la France doit céder à l’Angleterre ses territoires d’Amérique du Nord, baptisés « Nouvelle France ». La monarchie ne conserve alors que le petit archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, un grain de sable comparé à ce qu’était l’implantation française. La Louisiane (baptisée ainsi en l’honneur de Louis XV), est abandonnée à l’Espagne, qui la restitue à la France en 1800. Napoléon Ier vendra finalement cette terre aux États-Unis, en 1803, y voyant grandir la menace britannique.

Dans les Caraïbes, l’île de Grenade, colonie française pendant plus d’un siècle (1649-1763) est, elle-aussi, cédée aux anglais par le traité de Paris. Reprise en 1779, l’île redeviendra britannique en 1783, par le traité de Versailles. La France possède également des comptoirs aux Indes, qu’elle perd au profit de l’Angleterre. Elle n’en conserve que cinq, témoins d’une gloire passée (dont Chandernagor, Pondichéry…) qui quitteront le giron de la France au XIXe siècle.

Outre les territoires perdus, la République française est aujourd’hui titulaire d’autres propriétés, souvent ignorées du grand public : à Rome, des édifices religieux forment « les Pieux établissements de la France » depuis le XVIIe siècle ; sur l’île britannique de Sainte-Hélène, lieu de l’exil forcé de Napoléon Ier, on trouve les « Domaines français de Sainte-Hélène », terres rachetées par Napoléon III à la reine Victoria. Le musée consacré à l’empereur des français attire chaque année de nombreux touristes, sous la bonne garde du conservateur des lieux, le seul français à résider sur place ! Plus surprenant encore, l’île des Faisans, un petit bout de terre entre la France et l’Espagne. C’est sur cette zone « tampon » que se sont joués de nombreux accords entre les deux pays : le retour de François Ier après sa détention en Espagne en 1526, ou encore l’échange de deux princesses Élisabeth et Anne en 1615, lors de mariages croisés entre les Bourbon et les Habsbourg. Découvrez la curieuse administration de ce petit îlot chargé d’histoire qui relève, à tour de rôle, de l’Espagne et de la France, faisant de notre président le « vice-roi » de l’île six mois par an !

Dans ce numéro, Historia lève le voile sur les conquêtes éphémères d’aventuriers français, qui se sont autoproclamés roi ou seigneur d’un lopin de terre… avant d’être rattrapés par la réalité, souvent violente et funeste.

A l’image de la légendaire Atlantide, la France a possédé des terres nées d’irruptions volcaniques, avant d’être englouties par l’océan : ainsi, en juillet 1831, une île émerge près de Malte. Sa position stratégique attire toutes les convoitises. Baptisée « Julia » par les français, cette île disparaît quelques mois plus tard. Elle serait ressortie des eaux plusieurs fois au cours du XIXe siècle… Plus récemment, on a constaté que, suite à une éruption volcanique sous-marine (2018), une île est en train de prendre forme –  grâce aux laves refroidies – et pourrait apparaître prochainement, près de Mayotte, en territoire français. Une nouvelle terre, éphémère ou non,  à explorer bientôt…

mensuel N° 912 / décembre 2022