Historia

Les cathares ont-ils vraiment existé ?

Le magazine Historia revient sur les idées reçues qui circulent sur ceux que l’on nomme « les cathares » depuis le Moyen-Age . Ont-ils vraiment existé ? Et, si oui, que leur reprochait-on pour les qualifier d’hérétiques, et les conduire au bûcher ?

L’appellation de « cathare » est, encore aujourd’hui, l’objet de débats entre les historiens. Au XIIe siècle, ceux qui sont désignés par ce terme sont, à en croire l’Église de Rome, des hérétiques, qu’il faut ramener sur le droit chemin ou faire disparaître. Également appelés les « Bons Hommes » et les « Bonnes Femmes », les cathares forment une communauté religieuse en rupture totale avec la vision du pape, remettant en cause le sacrifice du Christ sur la Croix. Ils proclament qu’après la mort, tout individu sera sauvé et réincarné. Or, ces convictions ruinent les dogmes établis par les souverains pontifes au fil du temps : le principe de rédemption n’a alors plus de sens, tout comme la doctrine du purgatoire dans la quête du Salut. Les cathares dénoncent également les richesses accumulées par l’Église romaine et revendiquent le fait de vivre pauvrement, pour imiter le Christ.

Dès lors, bien que les cathares soient croyants, ils s’éloignent du chemin de l’Église de Rome, et constituent un danger pour le pape, qui cherche à implanter un modèle unique dans tout l’Occident. Très vite, les cathares sont donc qualifiés d’hérétiques et des rumeurs se propagent à leur sujet, afin de mieux les discréditer : ils sont dépravés, s’adonnent au plaisir de la chair à travers des orgies, pratiquent l’inceste et l’infanticide… Tous ceux qui n’adoptent pas les usagers diffusés par le pape et ses représentants sont forcément coupables d’hérésie, qu’ils appartiennent au petit peuple ou à la noblesse.

En effet, bientôt les différentes puissances vont se servir des cathares pour accuser leurs ennemis d’être des hérétiques. Ainsi, à la fin du XIIe siècle, le comte de Toulouse Raymond VI est accusé de soutenir les cathares par le roi d’Angleterre et le roi d’Aragon. Il s’agit avant tout pour les Plantagenets et Pierre II d’Aragon de trouver un prétexte pour justifier une nouvelle guerre, ayant pour but d’agrandir leurs territoires respectifs.

Le pape se sert des querelles au sein des élites pour encourager les croisades, poursuivant un but ultime : imposer son modèle d’Église catholique en ralliant ou en élimant tous ceux qui menacent l’unité religieuse. Ainsi, l’hérésie devient presque indispensable à la noblesse pour servir la politique d’expansion : il suffit de soupçonner son voisin de s’être détourné de l’Eglise romaine – et de soutenir les cathares – pour déclencher un confit avec l’appui de la papauté.

Découvrez le bras de fer entre l’Église de Rome et Raymond VI de Toulouse, qui refuse de prêter serment au légat du pape pour conserver son indépendance, après avoir compris le but du souverain pontife : contrôler, par la religion, l’ensemble des princes. Pour le comte de Toulouse, c’est le début d’une longue bataille, avec la menace de l’excommunication, sanction tant redoutée par le peuple…

Dans ce numéro, les historiens exposent leurs différents points de vue, remettent en cause certaines théories et font la lumière sur les pratiques et le mode de vie de ces hommes et de femmes qui ont tant fait trembler le Clergé…

Considérés comme hérétiques au Moyen-Age, les cathares servent, depuis quelques décennies, des intérêts économiques et touristiques dans le département de l’Aude, qui s’affiche comme étant « le pays cathares ». En exploitant l’histoire de ces « marginaux », des communes proposent ainsi une plongée dans l’époque médiévale, à travers des vestiges (châteaux…) et des spectacles (reconstitutions historiques…)

mensuel N° 915 / mars 2023