Historia

1941 : l’année de tous les cauchemars

Le magazine Historia consacre son mensuel à l’année 1941, année « de tous les cauchemars », où la guerre semble jouée : l’avantage penche dangereusement du côté de l’Allemagne nazie, qui a étendu sa domination sur une grande partie de l’Europe.

L’invasion de la Pologne par Hitler, en septembre 1939, a réjoui les allemands. Les victoires du IIIe Reich ont redonné confiance à la population, qui se sentait bafouée depuis le traité de Versailles du 28 juin 1919, où l’Allemagne avait été amputée de certains territoires au profit de la Pologne. Mais, rendu populaire par ses victoires et fort de celles-ci, Hitler ne s’arrête pas là et attaque la France en mai 1940. Si la population allemande redoute une nouvelle guerre contre son voisin, c’est que la défaite de 1918 a laissé une blessure importante dans les esprits. Mais pour le führer, l’Allemagne doit prendre sa revanche sur la paix « honteuse » qui a mis fin à la précédente guerre.

La France ne parvient pas à repousser l’attaque d’Hitler et le maréchal Pétain, chef du gouvernement, signe l’armistice dès le 22 juin 1940. Ainsi, en 1941, l’armée d’Hitler semble invulnérable et la victoire acquise au führer : la France de Vichy doit plier face aux exigence de l’Allemagne et les conditions de vie sont très dures après la capitulation de juin 1940. Si une partie des français fait toujours confiance au maréchal Pétain, beaucoup ont été choqués par la poignée de main entre ce dernier et Hitler. Si le « vainqueur de Verdun » avait espéré épargner la France en signant l’armistice, la population est bientôt confrontée à la faim et aux pénuries : le froid de l’hiver 1941 enlève de nombreux nourrissons et vieillards. L’inquiétude pour l’avenir n’a jamais été aussi grande…

La poignée de main entre Pétain et Hitler, le 24 octobre 1940, à Montoire
La poignée de main entre Pétain et Hitler, le 24 octobre 1940, à Montoire

Malgré le Pacte de non-agression signé en 1939 avec Staline, Hilter envahit la Russie en juin 1941 et remporte des victoires « éclairs » contre l’armée soviétique. Staline est d’abord déstabilisé face à la trahison du führer, avant d’ordonner de mettre en place la « politique de la terre brûlée » pour freiner l’avancée des troupes allemandes… imitant ainsi le tsar Alexandre face à l’armée de Napoléon Ier en 1812. Une méthode extrême, jointe à une contre-offensive incroyable de la part des soviétiques, lorsqu’il s’agit de défendre Moscou de l’envahisseur.

Dans cette guerre, le sentiment de supériorité propre aux nazis commence à jouer des tours à Hitler, qui méprise ses adversaires et entend se battre sur plusieurs fronts. Ainsi, en se dispersant – en attaquant la Russie alors que l’Empire britannique ne s’est pas encore rendu – les forces allemandes entament une chute lente mais certaine…

Ce sentiment de supériorité de la  « race aryenne » chez les nazis va, hélas, donner naissance à un programme d’extermination des juifs d’Europe. Jusqu’à l’assaut contre la Russie, il semble que le régime hitlérien envisage de laisser les communautés juives mourir dans la misère en mettant en place le « plan Madagascar » : il s’agit de déporter « tous les juifs d’Europe » vers cette colonie française à la situation économique très difficile, pour les y abandonner à leur sort, provoquant ainsi une mortalité importante. Mais Madagascar est éloignée de l’Europe et le plan d’Hitler impose d’avoir la maîtrise de l’espace maritime : or, le IIIe Reich ne parvient pas à faire capituler l’Angleterre. Le « plan Madagascar » doit être abandonné en décembre 1940. L’année 1941 voit l’option de la « Solution finale » se développer dans l’esprit des nazis : une politique de génocide visant à éradiquer les communautés juives. Au cours de cette terrible année, le IIIe Reich expérimente des méthodes de mise à mort, validant les chambres à gaz, qui entrent en fonctionnement dès octobre 1941. Ce programme d’extermination directe, véritable génocide aux méthodes glaçantes, entrera dans l’Histoire sous le nom de la « Shoah » (« la catastrophe »). 

La guerre bascule et prend une dimension mondiale à la fin de l’année 1941, lorsque le Japon attaque la base navale américaine de Pearl Harbor, le 7 décembre. Les États-Unis, qui jusque là refusaient d’intervenir dans le conflit européen, rentrent en guerre le 11 décembre : les cartes sont redistribuées. 

mensuel N°898 / octobre 2021