Historia

L’Iran d’avant les mollahs

Ce mois-ci, le magazine Historia revient sur le règne de la famille Pahlavi en Iran. Si, pour beaucoup, ce nom est aujourd’hui tombé dans l’oubli, il fut synonyme de renouveau et de progrès, lorsque Reza Pahlavi monta sur le trône en 1925. L’Iran que lui et son fils Mohammad vont gouverner nous paraît aujourd’hui utopique, balayé par la révolution islamique de 1979.

Alors que la dynastie Qadjars règne sur l’Iran depuis 1789, le pays est en souffrance au début du XXe siècle : la corruption et les rivalités de cour dominent, tandis que peuple manque de tout. Le clergé a alors une grande influence sur le monarque : fort, il se montre opposé à tout changement. Le pouvoir royal s’est également allié avec la Russie au XIXe siècle, qui s’immisce dans les affaires intérieures. Cette situation semble verrouiller toute réforme.

Un homme va émerger du peuple et s’imposer sans violence à la tête d’un pays devenu ingouvernable. D’origine modeste, Reza Khan un est officier qui montre des qualités de chef. Il va s’emparer du pouvoir sans effusion de sang : la population, fatiguée des querelles de palais et du désintérêt du Chah en place, laisse cet homme issu de la nation s’imposer. Le dernier Qadjars est destitué et le parlement fait de Reza le nouveau Chah. La nouvelle dynastie choisit le nom de Pahlavi, inspiré des héros chevaleresques d’antan.

Sous le règne de Reza, l’Iran tend à se moderniser : des routes sont construites, des universités sortent de terre, le système judiciaire est réformé pour être plus équitable. Les femmes ne sont pas oubliées : en 1936, le port du voile est aboli. Le Chah parvient à restaurer la souveraineté de son État en rompant l’alliance instaurée par ses prédécesseurs avec le clergé et les puissances étrangères.

Le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale va faire de l’Iran un carrefour stratégique. Bien que le pays se dise neutre, les relations que le Chah a nouées avec l’Allemagne avant le conflit entraînent la méfiance des Alliés. Reza Chah est contraint de céder le trône à son fils, Mohammad en 1941. Celui-ci hérite d’un pays exposé aux convoitises, en raison de sa position géographique et de ses richesses pétrolières.

Tout en devant prendre en compte les enjeux internationaux et géopolitiques, Mohammad Pahlavi va poursuivre l’œuvre de son père, en continuant à moderniser l’Iran. En 1963, le Chah veut en finir avec la grande propriété féodale, et fait distribuer aux paysans des terres appartenant à la couronne, afin qu’ils puissent cultiver des parcelles qui leur appartiennent pleinement. Le Chah tient également à ce que l’ensemble de la population soit alphabétisée. Son épouse, Farah Diba, œuvre à ses côtés pour que l’accès au savoir soit à la portée de tous, y compris dans les zones les plus reculées. Active sur le terrain et appréciée par le peuple, l’impératrice se bat également pour le droit des femmes, pour qu’elles aient accès à l’éducation, au droit de vote et puissent être élues, au même titre que les hommes. Celle qui s’est illustrée en brisant de nombreux tabous, cette impératrice aujourd’hui en exil, a accordé un entretien exclusif à Historia, revenant sur tous les combats qu’elle a menés avant que la révolution islamique ne supprime bon nombre d’acquis.

En effet, le Chah Mohammad Pahlavi compte de nombreux opposants, qui veulent le renverser. Ses réformes mécontentent certains membres du clergé, des partisans d’un islam radical, ainsi que des révolutionnaires. Le Chah échappe d’ailleurs à plusieurs tentatives d’assassinats…

La montée de l’islamisme et la multiplication des manifestations obligent Mohammad Pahlavi à mettre en place des mesures d’austérité, qui le rendent impopulaire. La situation se dégrade et, au début de l’année 1979, le Chah choisit de quitter l’Iran, plutôt que de provoquer un bain de sang. Il part pour un exil qui ne finira jamais…

(Re)Découvrez l’Iran du dernier Chah, méconnu et oublié, qui nous semble irréel en comparaison avec l’image actuelle de ce pays…

mensuel N° 943 / Octobre 2025

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