Fabuleuses reines d’Egypte
Le magazine Historia vous propose de partir sur les traces des reines d’Égypte, longtemps restées dans l’ombre et qui, grâce au travail de recherches des archéologues, retrouvent la place qui leur est due.
Les pharaons ont eu de nombreuses épouses et, pour la majorité d’entre elles, il ne subsiste presque rien. Car ceux qui règnent sur l’Égypte nouent de multiples alliances matrimoniales au cours de leur règne et la polygamie est alors considérée comme normale chez les pharaons. Ceux-ci ont également de nombreuses concubines et vont, dans certains cas, jusqu’à convoler avec leurs propres filles. Seules les « grandes épouses royales » se démarquent, ont une place de premier choix auprès du pharaon. C’est ainsi que l’on retrouve, gravé dans la pierre, le nom des plus célèbres d’entre elles, à l’exemple de Tiyi, Nefertary ou Nefertiti.
Le pharaon n’existe pas sans contrepartie féminine. Il représente le dieu solaire, tandis que la reine est l’incarnation de la déesse Hathor. Certaines épouses ont su s’attirer la confiance du pharaon et vont être associées au pouvoir, comme le montrent de nombreux reliefs et écrits. C’est la situation que connaissent Nefertary, épouse de Ramsès II, et Nefertiti, épouse d’Akhenaton. La reine incarne alors un modèle de perfection, et est célébrée pour sa beauté. Pourtant, rien n’assure que le fameux buste de la reine qui est parvenu jusqu’à nous représente fidèlement le visage de Nerfertiti…
Au-delà du couple uni et puissant que la reine forme avec le pharaon, son premier rôle est de porter la vie, de donner un héritier au trône d’Égypte, devenant ainsi « mère de dieu ». Car la nature divine du pharaon lui vint de sa mère, ce qui confère une position très importante à l’épouse royale, dès lors qu’elle a enfanté. Lorsqu’un jeune pharaon accède au trône, il n’est pas rare qu’il soit associé au nom et à l’image de sa mère, qui assure un co-règne avec lui jusqu’à sa majorité. On a ainsi l’exemple de la reine Tiyi, qui est aux côtés de son fils Akhenaton ou de la célèbre Cléopâtre VII qui se fait figurer avec son fils Ptolémée XV. Dans le premier cas, il semble qu’Akhenaton ait régulièrement, et ce pendant de nombreuses années, sollicité les conseils de sa mère, notamment en politique, si on se fit aux lettres du pharaon. Dans le cas de Cléopâtre, la reine s’associe de suite au règne de son fils pharaon, après le décès de son frère et époux Ptolémée XIV. Car, officiellement, une reine ne peut régner seule et en son propre nom. Cléopâtre, qui a fait éliminer toute sa fratrie, conserve donc le pouvoir à travers l’enfant qu’elle présente comme le fruit de ses amours avec Jules César.
Une autre femme va encore plus loin que Cléopâtre, en se faisant couronner roi et en étant représentée sous des traits masculins avec la barbe postiche. Cette femme, c’est Hatschepstout, l’épouse de Thoutmosis II. Elle n’est cependant pas mère de son héritier, Thoutmosis III, né d’une épouse secondaire. Celui-ci devenant pharaon à l’âge de 5 ans, Hatschepstout parvient de s’octroyer la régence. Dans les faits, elle conserve le pouvoir jusqu’à sa mort. Découvrez le parcours incroyable de cette femme toute-puissante dans l’ancienne Égypte. Le nom d’Hatschepstout a bien failli disparaître car, à son décès, Thoutmosis III fait remplacer le nom de sa belle-mère par le sien, sur tous les monuments…
A l’exemple d’Hatschepstout, une autre reine d’Égypte s’est vue reléguée dans l’oubli. Il s’agit de Merytaton, fille aînée d’Akhenaton et de Nefertiti. Elle épouse son père à la mort de Nefertiti et devient ainsi reine, associée au trône par le pharaon. Mais Akhenaton meurt lui aussi peu après. Le seul garçon de la famille, Toutankhamon, étant alors très jeune, Merytaton aurait conservé le pouvoir, avant de disparaître prématurément, sans que l’on sache si elle est morte de causes naturelles ou si elle a été assassinée. Ce qui est aujourd’hui certain, c’est que c’est son mobilier funéraire qui a été utilisé, quelques années plus tard, pour Toutankhamon. Merytaton a-t-elle essayé d’écarter son frère, ce qui lui aurait valu d’être reléguée dans l’oubli comme Thoutmosis III a tenté de le faire avec Hatschepstout ?…
De toutes les reines d’Égypte, la dernière, Cléopâtre VII, fascine autant de son vivant qu’après son décès. Elle est d’abord décrite par Octave (le futur empereur Auguste) comme une séductrice manipulatrice, une femme dépravée et dangereuse qui ensorcelle les hommes à l’instar de Jules César et de Marc Antoine. Octave tente de faire passer le suicide de la reine pour un acte de lâcheté et de salir sa mémoire. Pourtant, la postérité va y voir de la bravoure et bientôt, l’image tragique de la reine qui met fin à ses jours va être reprise par les peintres, les sculpteurs, les cinéastes… Aujourd’hui le personnage de Cléopâtre est décliné à toutes les sauces et se révèle très vendeur…
Idées reçues, propagandes royales, mystères et légendes, découvrez la vie fascinante des reines d’Égypte, louées pour leur beauté, mais qui savaient également faire preuve d’une grande intelligence sur la scène politique.
mensuel N° 940 / juin 2025

Demoiselles des Lumières
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